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III

ADAPTATION DES PHÉNOMÈNES


Les explications données dans les deux précédentes leçons nous ont déjà préparés à comprendre le véritable sens de ce mot « adaptation », qui exprime le plus profond aspect sous lequel la science envisage l’univers. Ici encore nous allons voir que l’évolution de la science, en n’importe quel ordre de réalités, consiste à passer du grand au petit, du vague au précis, du faux ou du superficiel au vrai et au profond, c’est-à-dire à découvrir ou à imaginer d’abord une immense harmonie d’ensemble ou quelques grandes et vagues harmonies extérieures auxquelles on substitue peu à peu d’innombrables harmonies intérieures, un nombre infini d’infinitésimales et fécondes adaptations. Nous allons voir aussi que l’évolution de la réalité, précisément inverse ici, comme ailleurs, de celle de la connaissance, consiste en une tendance incessante des petites harmonies intérieures à s’extérioriser et à s’amplifier progressivement. Incidemment, nous ne manquerons pas de noter, comme nous l’avons fait plus haut, que, si le progrès du savoir nous fait découvrir des harmonies nouvelles et plus profondes, il nous révèle aussi bien des dysharmonies inaperçues et plus profondes elles-mêmes.

Mais d’abord commençons par quelques définitions ou explications nécessaires. Qu’est-ce, au juste, qu’une adaptation, une harmonie naturelle ? Prenons un exemple, en dehors de la vie, où le lien téléologique de l’organe a la fonction est si clair qu’il n’a pas besoin d’être explique :