Page:Revue de métaphysique et de morale, 1898.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous n’avons pas la moindre raison de penser qu’il y ait symétrie entre l’évolution et la dissolution d’un système solaire, si dissolution il y a, ni entre la formation des couches géologiques successives d’une planète et son morcellement final, si l’on adopte à cet égard les idées de M. Stanislas Meunier. La dissémination des astres dans le ciel reste, après comme avant les progrès de l’astronomie, ce qu’il y a de plus pittoresque et de plus capricieux. Ou plutôt le sublime désordre de ce spectacle apparaît d’autant plus frappant, d’autant plus profond, qu’on a fait plus de progrès dans la connaissance des forces équilibrées, symétriquement: opposées, qui semblent constituer tout cela. — Quel astronome à présent rêverait, comme les anciens, une anti-terre, un antichlon, ou tout serait inverse du terrestre ? — A mesure que la géographie de notre planète nous est mieux connue, nous sommes davantage frappes de l’absence de toute symétrie dans la configuration des continents et des chaînes de montagne, et le réseau pentagonal d’Élie de Beaumont ne séduit plus personne. Les progrès de la cristallographie même ont fait remarquer des dissymétries d’abord inaperçues, et dont l’importance a été mise en relief par les travaux de Pasteur... Mais je ne puis qu’indiquer ce sujet.

Dans le monde vivant, les grosses ou apparentes oppositions -la vie et la mort, la jeunesse et la vieillesse — ont été les premières saisies, et celles que je viens de citer ont été une des plus anciennes similitudes constatées entre les animaux et les plantes, rudiments d’une biologie générale. Il n’a pas été possible non plus de ne pas remarquer la symétrie des formes vivantes, si frappante et si étrange par son universalité. Mais on a imagine une foule d’oppositions vivantes sans réalité ou sans valeur. Parmi celles-ci, on peut ranger les anges et les démons, puisqu’ils sont conçus, les uns et les autres, comme des espèces d’animaux supérieurs. Pareillement, pour le sauvage, et parfois pour l’illettré de nos jours même, la grande opposition vivante est celle des êtres bons ou mauvais à manger, des plantes alimentaires et vénéneuses, des animaux utiles et nuisibles. C’est là une opposition subjectivement vraie, mais imaginaire en tant qu’elle est objectivée, comme elle l’est instinctivement par l’ignorant de toutes races. — Les médecins ont longtemps conçu la maladie et la santé comme deux états précisément contraires, et les causes de la maladie comme précisément inverses de celles de la santé. L’erreur homéopathique, au fond, est née de cette illusion. La maladie