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et l’automne, le matin et le soir, midi et minuit, le premier et le dernier quartier de la lune, etc. Toutes ces oppositions ont été conservées, il est vrai, par la science grandissante, mais en perdant beaucoup de leur importance et de leur signification primitives. L’ouest, pour les sauvages, n’est pas, comme pour nous, une orientation toute relative à notre position en regardant l’étoile dite polaire ; l’ouest, pour eux, est le lieu de la félicité posthume, du séjour éternel des âmes ; pour d’autres, c’est l’est. De là, l’orientation rituelle des temples et des tombeaux. Le premier et le dernier quartier de la lune, pour nous, n’ont assurément pas le sens imaginaire et si considérable que leur attribue la superstition des agriculteurs primitifs, et encore celle de nos paysans. La nouvelle lune, suivant ceux-ci, a la vertu de faire pousser rapidement, et la vieille lune d’empêcher de croître tout ce qu’on plante à l’une ou à l’autre de ces deux phases lunaires. C’est un vestige de la distinction antithétique des jours fastes et néfastes.

Ces oppositions ont donc été conservées, mais à titre superficiel et conventionnel. D’autres ont été supprimées: par exemple, celles du céleste et du terrestre, du soleil et de la lune, et l’importance de celles-ci, comme de celles-la, a passé à d’autres qui sont tout autrement profondes. D’abord, la découverte de la nature elliptique, parabolique ou hyperbolique, des courbes décrites par les astres, planètes ou comètes, a permis d’apercevoir la parfaite symétrie des deux moitiés de chacune de ces courbes aux deux cotes du grand axe. Je dis parfaite, sauf les perturbations, qui sont de mutuelles répétitions de ces courbes les unes par les autres dans l’intérieur d’un même système). En outre, on a aperçu que les ellipticités planétaires allaient croissant et décroissant alternativement, avec une grande régularité, par des oscillations autour d’une position d’équilibre. — Enfin, l’antithèse astronomique profonde, universelle, continue, fondement de tout le reste, c’est celle de l’égalité entre l’attraction que chaque masse ou molécule subit et celle qu’elle exerce. Chacune d’elles est aussi attirée qu’attirante, et c’est là une des plus belles illustrations de la loi mécanique de l’opposition universelle, qu’on appelle la loi de l’action égale et contraire à la réaction.

La physique et la chimie, comme l’astronomie, ont débuté par des pseudo-contraires. Les quatre éléments conçus par les premiers physiciens s’opposaient deux à deux: l’eau et le feu, l’air et la terre. On imaginait entre certaines substances des antipathies innées. Des