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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

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Le sujet pensant s’oppose à l’objet pensé quoique les choses ne soient connues que par la pensée et en elle. Mais autres sont les objets, autre leur connaissance. Celle-ci d’une part a une histoire en dehors de ses objets ; elle est, d’autre part et par contre, la même devant toute leur diversité. Elle est une en tous les sens.

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Dans le corps le point actuel s’explique par le point, non actuel, passé, et cela sans fin, c’est-à-dire l’actuel s’explique par l’inexpliqué et le non donné et le moins un ; contraire dans la pensée : par le plus réel et par l’un.

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Le corps est dans l’esprit.

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L’étendue et le mouvement ne sont pas concevables en soi, ne sont que des abstractions, et nous ne sommes certains de leur réalité qu’en tant que nous les jugeons dépendants d’autre chose dont nous sommes certains : l’idée de l’être objectif condition de celle de l’étendue.

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L’induction en psychologie serait un cercle vicieux. Elle n’a pas à l’appliquer mais à l’expliquer en la justifiant.

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Le sujet pensant n’est pas un être mais l’ensemble des principes c’est-à-dire des liaisons qui rattachent les pensées empiriques (déjà liées et constituées par La nécessité affirmée) à l’esprit, à l’unité absolue, ou plutôt c’est le sentiment de cette liaison, dont les principes ne sont que la représentation abstraite, comme le sujet-substance en est le projection métaphysique spontanée. L’être est un ; c’est la pensée qui le morcelle.

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Si, dans le fait réel, concret, particulier, la réflexion peut apercevoir le fait idéal, abstrait, universel, c’est qu’elle y voit les reflets des éléments simples qui la constituent c’est-à-dire qui sont l’esprit même, et elle ne les saisit que parce qu’elle en éprouve la nécessité rationnelle, c’est-à-dire supra-empirique et supra-personnelle. De même nous ne voyons des triangles et des cercles dans la nature que parce que nous en portons d’avance l’idée, dans notre sur-nature.