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Il est vrai, d’autre part, que l’on attribue en Physique une valeur universelle à ce principe ; seulement, c’est à titre d’hypothèse expérimentale qui n’a jamais été démentie jusqu’ici par aucun fait, mais qui n’a" aucune nécessité rationnelle.’ De plus, cette’ universalité du principe en Physique est due à ce qu’on donne à la notion d’énergie un sens beaucoup plus général et aussi plus vague qu’en Mécanique. A côté des énergies proprement mécaniques (énergie cinétique ou force vive, énergie potentielle ou de position) ; on admet en Physique d’autres formes de l’énergie (énergie .calorifique, énergie électrique, etc.) qui n’ont avec les premières d’autre lien que leur mutuelle équivalence. Au fond, la Physique conçoit autant d’énergies diverses qu’elle a d’ordres de phénomènes à expliquer, et peut-être la généralité du principe de la conservation de l’énergie tient-elle simplement à ce que, dans chaque ordre de phénomènes, on définit l’énergie ce qui équivaut à un certain travail mécanique. Dès lors, il n’est pas étonnant que ce principe soit constamment confirmé par l’expérience, car le jour où un fait semblerait y échapper, on s’empresserait d’inventer une nouvelle forme d’énergie pour le faire rentrer dans l’ordre et le soumettre à la loi. Mais on n’en peut rien conclure touchant la valeur du principe mécanique, dont celui de la Physique est une extension indéfinie.

M. Hannëqtiin impose au mécanisme une restriction encore plus grave en proscrivant toute action distance, comme obscure et inintelligible, et en n’admettant que l’action au contact ; il considère les forces comme des « vertus occultes, incompatibles avec le mécanisme » (p. 17&), et ne conçoit clairement que la transmission directe du mouvement par le choc (p. 102, 1-18, 119). Est-ce en vertu de cet axiome métaphysique qu’il’cite « L’être n’agit que là où il est » (p. 334) ’ ? Mais, comme il le remarque lui-même, les corps qui se choquent ne se pénètrent pas, de sorte que, même en se touchant, ils agiraient là où ils ne sont pas, llreconnaît d’ailleurs « les difficultés depuis longtemps aperçues dé l’action au contact », qui « reviennent, au fond, à demander comment deux masses, sans se compénétrer, peuvent agir l’une sur l’autre (p. 136) La difficulté prétendue étant la même de part et d’autre, l’auteur n’avait’qu’à faire bon marché de ses scrupules logiques, et à consulter simplement la 1. Voir la réfutation de ce préjuge _scqlastique par Kant, ap. Principes métaphysiques de la Science de la Nature, ch. n, théorème VII, scolie L