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614 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

un objet pour lui ; mais remarquez que cela ne nous apprend rien et ne peut rien nous apprendre sur l’objectivité de cet objet nous n’avons pas dépassé la sphère du sujet. Il y a eu dédoublement de la conscience, du moi, en sujet et objet. Rien de plus. Le principe logique de relatitô est satisfait ou plutôt il semble trouver son origine même dans ce caractère du moi ne se pouvant poser comme sujet que s’il se pose un objet en même temps. Comment d’ailleurs pourrait-il y avoir relation si le sujet et l’objet étaient hétérogènes, le second faisant partie d’une sphère dite réelle par opposition à la sphère du premier dite idéale ? C’est précisément, nous l’avons vu, le rôle de la perception, telle que la comprend notre auteur, de faire rentrer l’objet, par le processus dialectique qui la conditionne selon lui, de la sphère dite réelle qu’il semblait occuper pour les sens, dans la sphère dite idéale, d’assurer ainsi la possibilité d’une relation intelligible entre l’objet et le sujet. Perception signifiant pour lui connaissance, l’esprit de la doctrine est donc tout à fait contraire à l’idée qu’on se fait ordinairement de la connaissance et d’après laquelle celle-ci ne serait que la réverbération dépourvue de vraie réalité, d’Un, monde extérieur ayant, lui, le monopole de la vraie réalité. L’esprit de cette théorie de la perception est de remplacer une aussi naïve conception, matérialiste quoique générale, par la conception d’un sujet autonome, doué d’une réalité intégrale et possédant une fin en soi, loin de n’avoir pour raison d’être que de réfléchir, comme un miroir, « la Nature ». C’est cette conception qui se dégage aussi de la seconde théorie capitale de la métaphysique de notre auteur, la théorie des catégories. Nous allons essayer de le montrer.

Notre philosophe admet, nous le savons, deux sortes de catégories. Nous n’examinerons pas la liste qu’il en donne et que nous avons mentionnée. Il y a une question préjudicielle. La distinction entre catégories a priori et catégories a posteriori est illusoire. En effet qu’est-ce que les catégories a posteriori’ ! Comme catégories, elles sont des affirmations de la Raison, « Reason affirmations», ainsi que le reconnaît notre auteur. Voilà le fait premier qui m’est donné. C’est le caractère essentiel de ces présentés de la conscience. Sans la Raison ils n’existeraient pas. Maintenant à ce caractere essentiel, i. Nous ne disons pas relativité », pour observer la très juste distinction que S. N. a établie entre « relatedness » {que nous traduisons par relatité) et ♦ relativity » (relativité). Voir ci-dessus, p. 595.