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A. SPIR. – LES FONDEMENTS DE LA HELÎGION ET DE LA MORALE. 57 la nature normale et absolue des choses n a point de, conditionsn’exige point d’explications ; au contraire, ce qui est étranger à la ’3~ nature normale et absolue des choses est soumis à- des conditions et a besoin d’être expliqué, mais ne peut, en même temps, être, expliqué, parce qu’on ne- peut pas le dériver de l’absolu qui est cependant la seule réalité dont on puisse songer à dériver quelque chose ; L’existence de l’anormal pose donc un problème insoluble. !t Le mal, l’erreur et le monde physique lui-même, qui est conditionné par une apparence fausse et qui est rempli de maux, sont quelque j~ chose d’anormal et, à ce titre, ne sont pas susceptibles d’explication. C’est pourquoi s’étend sur toutes les origines une antinomie, et il est tout aussi impossible de penser un premier commencement des choses que l’absence d’un premier commencement, ou une éternité qui se serait écoulée jusqu’au jour présent.

Si l’on prend le monde comme il se présente dans nôtre expérience ordinaire ; c’est-à-dire comme un monde de substances (de corps), qui sont par leur nature en dehors du temps et ne peuvent ni naître ni périr ; il faut admettre que,le monde est éternel dans ce. qui le con- N stitue, et que c’est seulement le devenir en lui, c’est-à-dire les mou- S vements et les combinaisons des corps, qui a besoin’d’explication, et, ici encore, aucune explication n’est possible. Supposer que les ? :; corps se trouvent de toute éternité en mouvement bien que le mouvement ne soit pas fondé dans leur nature, puisqu’ils sont de leur i nature inertes, c’est évidemment éluder l’explication. On le voit surtout, et d’une manière non équivoque ; quand il s’agit d’expliquer des phénomènes tels que la vie organique, et, bien pins encore, la vie consciente, par un mouvement des corps qui leur est, en soi, tout accidentel. Mais il a été suffisamment démontré dans les articles précédents que les corps ne sont qu’une apparence. Le monde connu ? ne peut pas exister sans des sujets connaissants, et ceux-ci, par conséquent, sont contemporains du monde. Or, il est tout aussi impossible de penser la naissance d’un premier sujet qu’une infinité. de sujets se succédant jusqu’au temps actuel les uns aux autres. L’expérience nous permet, il est vrai, de constater une évolution ou I progression dans la série des sujets connaissants, depuis l’animal le plus simple jusqu’à l’homme, qui semble avoir apparu plus tard ` que les autres espèces animales ; et cela paraît indiquer un commen- H cement de toute la série des sujets, au moins en ce qui concerne ceux que nous trouvons dans notre expérience. Mais il n’en reste