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G. REMACLE. La métaphysique de « Scotus Novanticus ». 603 "T~ _7_u Il n ·

Nature non seulement pour nous, mais pour elle-même, puisque c’est seulement in concreto, dans l’acte de saisir la Nature, qu’elles se révèlent à nous. La Ratio essendi est la Ratio intelligendi et vice versa. La Raison est constitutive de la Nature comme de l’homme. La Nature est, selon l’image de notre philosophe, le vêtement sous lequel l’Être-Causal-Absolu se présente lui-même aux sens. Ici nous citons littéralement pour ne pas afraiblir la pensée -« Mon pouvoir pensant est la pensée-universelle réfléchie en moi comme conscience finie et devenue moi. Une fois que je vois cela, toutes les choses se réconcilient. L’Être et la Raison, ou, pouvons-nous dire, la Raison en acte constitue le seul noumène en infinie différenciation. En conséquence, la connaissance de l’universelle Raison dans la Nature est la connaissance divine, la connaissance de Dieu, qui est plus proche de nous que « les choses qui sont faites ». La raison de l’homme est une pulsation de l’universelle Raison dans laquelle en vérité nous vivons, nous mouvons et avons notre être. Je ne parle pas, ajoute-t-il, le langage de l’émotion religieuse, mais celui du fait sobre » ̃-

II ne faudrait pas croire que ; aux yeux de Scotus Novanticus, cette doctrine de l’immanence de Dieu dans la nature et dans l’homme soit un panthéisme. Il y aurait panthéisme si Dieu était déclaré immanent comme Être et comme Penser (Thinking). Mais dans le monde et dans l’homme ce Penser s’est déterminé lui-même en êtres individuels et est maintenant Pensée (Thought). 11 y est devenu le fini et, si le Penser-Éternel reste le fondement perpétuel du tout, la pensée finie qui en résulte a ses droits propres. C’est encore l’immanence, mais ce n’est plus le panthéisme que pour ces esprits « esclaves des sens » qui ne peuvent concevoir, entre l’Être pensant et sa pensée accomplie, de séparation que spatiale. Quoique, si l’on se place à un point de vue universel, cette dualité ne soit qu’une quasi-dualité, c’est une dualité vraie pour nous, raisons finies3. Notre auteur se prononce ’nettement pour un dualisme idéaliste, termes qu’il considère comme n’impliquant aucune contradiction. Le phénomène est, l’Être est ; et il n’existe et ne peut exister que l’Esprit et son externalisation. La Nature n’existe que dans, par et pour l’Esprit-Universel, mais si elle ne subsiste pas par elle-même, 1. Metaphysica, p. 230.

. Metaphysica, p. 236. ̃ i

3. Melaphysica, p. 280..