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,o. um ~TJ :J.~J,.I ;I.J.J :JJ.~UCl i.a 9sL luVPt~lLlu. ayons beaucoup de peine à déchiffrer nos propres intentions, nous sommes prompts à juger les intentions d’autrui et nous appelons méchanceté ce qui n’est qu’inconscience ou irréflexion. Et de même nous supposons des causes conscientes à des événements naturels la moisson du champ que nous avons Jabourè nous paraît être le fruit de notre travail réfléchi ; pourtant, que de circonstances physiques et amorales se sont associées à notre labeur volontaire ! Le champ demeure-t-il stérile ? Nous nous plaignons de l’injustice divine, c’est-à-dire que nous attribuons encore à un agent moral l’œuvre des événements amoraux. Ainsi nous étendons outre mesure le domaine de la morale et de la justice.

En revanche, nous le restreignons parfois à l’excès. Nous rejetons sur l’inconscient le mérite de l’homme de génie et la responsabilité du criminel. Nous supposons que la réflexion n’a pas d’influence efficace sur nos actes et nous augmentons indéfiniment le rôle de la passion à la limite, il n’y aurait plus dans la vie humaine que des événements amoraux. Est-ce à dire qu’il n’y aurait plus de justice ? •C’est-à-dire seulement que les’ formules de la justice seraient •changées la justice deviendrait indulgence et résignation. Quiconque s’écrie « Pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », applique avec rigueur la loi de justice il est contraire à cette loi que des inconscients, qui ne sont pas les causes réelles de leurs actes, en subissent les conséquences. Les ordres que la conscience donne à un Mare Aurèle ou à un Spinoza sont différents de ceux qu’elle donne à un partisan du libre arbitre ; pourtant ils sont inspirés par le même principe la différence vient d’une divergence relative à la définition du domaine moral.

Bien que rationnelle, la loi morale est violée ; comme les mathématiciens se trompent dans l’emploi de leurs propositions nécessaires, les hommes se trompent dans l’emploi de leurs définitions, axiomes et théorèmes moraux. Les intelligences inégalement éclairées croient toutes obéir à la loi de justice lorsqu’elles accomplissent les actes les plus différents. Rien ne nous permet, jusqu’à présent, d’expliquer le vice par une autre cause que l’erreur. Si le bien est le rationnel, vouloir le mal, ce serait vouloir une absurdité. Et ce ne sont pas les objections ordinairement adressées à cette thèse qui nous empècheraient de l’admettre. On remarque que l’ignorance du bien n’est pas la seule cause du vice, puisque l’on peut connaître son devoir et l’éviter. Mais il y a connaissance et connaissance. Il est possible que