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P. LAPIE. – MORALE DÉDUCTIVE* 547

Rev. META. T. V. 1897’. •-̃ 36

principale, un anieceaeni psycnologique.

principes des défiaitioas qui circonscrivent son domaine, et des axiomes qui appliquent dans ce domaine les lois de la raison. C’est ainsi que les mathématiques définissent la quantité et la mesure, puis, par leurs axiomes, appliquent à la quantité la loi d’identité cet axiome « le tout est égal à la somme de ses parties » n’est que le principe « À est A » dans lequel on remplace A par un terme quantitatif, et la copule est » par une relation quantitative. Si la morale est une science déductive, elle doit de même délimiter son domaine par des définitions, et chercher des axiomes qui traduisent à son usage les principes de la raison. Quelles seraient les définitions, quels seraient les axiomes d’une morale déductive ? Nous verrons ensuite quels théorèmes en dérivent..

La morale étudie les actions. J’appelle action tout changement de mon être qui paraît avoir pour condition essentielle un antécédent psychique. Tout changement n’est pas une action je n’appelle pas de ce nom la modification dont j’ai conscience quand du vert succède à du bleu ou du plaisir a de la douleur pour qu’un changement soit une action, il faut que sa cause paraisse intérieure à. l’être qui change. Mais cette condition est encore insuffisante je n’appelle pas action la modification, pourtant spontanée, dont j’ai conscience lorsque mon cœur bat avec violence ou lorsqu’une impulsiontraverse mon esprit. Le réflexe, l’instinct, le désir même ne sont pas des actions mais des pàssions, cary la. réaction de mon être est, dans ces cas, déterminée par des causes externes la cause intime du changement n’a qu’une importance secondaire. Au contraire, un changement réfléchi mérite le nom d’action la cause interne y joue un rôle prépondérant puisqu’elle paraît suspendre l’autorité des causes extérieures les antécédents physiques ne semblent plus être des conditions suffisantes du changement :puisque la réflexion en a modifié la nature sous l’impulsion de la faim, l’homme mange, sans choisir, tout ce qui lui tombe sous la dent ; mais s’il peut soumettre son appétit à la réflexion, il choisira la nature de ses aliments et le moment de son repas. La réflexion ne paraît donc pas avoir été une cause inefficace la modification réfléchie se distingue de toutes les autres on l’appelle une action. L’action étudiée par la morale, ce v n’est donc pas un événement inséré dans là trame des événements physiques ; c’est un événement né dans la conscience ; c’est un chart-r gement qui a, sinon pour cause suffisante, du moins pour condition principale, un antécédent psychologique.

R.r.v. META. T. V. 1897’. v Sfi