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§16 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

de son cours, il a traité de « la morale au point de vue soeiolode son cours, il a traité de « la morale au point de vue sociologique s ». Mais, reculant sans doute devant l’étendue et la difficulté du sujet, il l’a limité d’une façon qui, malgré les raisons alléguées, reste singulièrement arbitraire. La sociologie objective, dit-il, voyant dans l’éthique sociologique une simple histoire des mœurs moyennes, dans les divers temps et les divers pays, a laissé de côté ° l’essentiel, la doctrine morale, l’idéal moral, qui, aux différentes époques et chez les différents peuples, a été l’âme, le principe vivant de la conduite. S’il était vrai (ce qui est contestable) que l’éthique naturaliste eût ainsi borné son étude à l’extérieur de la vie morale, nous serions, à coup sûr, reconnaissants à M. Bernès d’avoir préconisé l’étude de la moralité sociale complète, intention et action, idées et mœurs. Mais c’est qu’à son tour il ne s’attache qu’à une face de la question (la seconde au lieu de la première) ; et, plus encore, pour l’histoire des idées morales, il se contente d’une histoire de la philosophie morale s. Les philosophes, déclare-t-il, puisent plus qu’ils ne pensent souvent, au fonds commun des sen- ° timents de leurs contemporains comment le savoir, si l’on n’étudie pas directement ces sentiments des contemporains ? Et comme il serait intéressant de savoir comment, dans quelle mesure, etc. M. Bernès ajoute qu’il marquera le rapport de ces philosophies à la civilisation contemporaine ce travail peut-il être fait d’une façon précise autrement que par une étude spéciale et directe des conditions de la vie sociale, mœurs, habitudes, etc. ? II est vrai, une éthique ainsi entendue exigerait un labeur considérable, une information très vaste et très variée, à la fois une conscience d’érudit et une intelligence philosophique peu commune. C’est aussi à ce prix que l’oeuvre obtiendrait une valeur remarquable, et serait capable de fonder une sociologie morale, s’il doit en exister une. Dans l’histoire de la philosophie morale, M. Bernés a encore choisi deux points seulement qu’il a approfondis, la morale socratique ^t son premier développement, la morale de Kant et de la Révolution française l’interprétation de l’une et de l’autre est intéressante et neuve. Mais c’est une raison de plus pour regretter que le reste du sujet ait été sacrifié. Il est juste de reconnaître que la brièveté et le caractère exotérique d’un semblable cours sont une excuse. Il reste néanmoins que l’originalité de la conception de M. Bernés, . Bernès, Sociologie et morale, 2" partie. Cours professé en 1894-95. . M., p. 98.