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B. BRUNHES. – l’ÉVOLUTIONKISME’ ET LE PKIKCIPE DE CARKOT. 43 l’échelle des êtres animés, nous considérons le développement de la i civilisation dans les sociétés humaines ; le « progrès », nous enten- S ! dons lo progrès matériel, en définitive pour résultat une utilisation meilleure des énergies naturelles. On peut citer comme exemple la captation des chutes d’eau pour mouvoir des roues hydrauliques l’homme qui réalise, cette captation, utilise sous la forme supérieure d’énergie mécanique l’énergie de la chute d’eau qui sans sa. machine, ne se -serait pas. perdue sans doute, mais se serait gaspillée sans profit en énergie calorifique produite par le choc de la nappe d’eau au bief inférieur.

Nous ne croyons pas, en résumé, qu’on ait jamais pris sur le fait, et qu’on/prenne jamais sur le fait un accroissement de l’énergie utilisable dans un système fermé, comprenant ou non des êtres vivants. - ?J Mais ce qui n’est, pas douteux, c’est que l’énergie utilisable sans cesse décroissante que contient le système fermé sera d’autant moins vite dissipée, sera d’autant mieux utilisée que le système renfermera r des êtres, vivants plus élevés. dans l’échelle des êtres. Si l’on entend par « évolution. » l’apparition d’êtres vivants-dé plus en plus élevés, en organisation en intelligence, on pourra dire que le résultat de l’évolution à la surface de notre globe est d’accroitre chaque jour-la quantité d’énergie utilisée. Mais en admettant même qu’il en fût ainsi dans un grand nombre d’astres, et que, par l’action combinée ,< de l’ensemble des êtres vivants, Ténorgieutilisée de l’univers fût à l’heure présente en progression continue, cela n’empêcherait pas cette énergie utilisée de représenter seulement une fraction infime de, l’énergie utilisable totale ; cela n’empêcherait pas cette énergie utilisable d’être elle-même en décroissance continue. Si donc on veut regarder l’univers comme un système auquel s’applique, le premier principe de la thermodynamique, comme un système conservalif, on doit le regarder comme un système conservaiif qui s’use, où l’énergie utilisable va sans .cesse diminuant ; et si le rôle des êtres vivants qu’il contient est d’accroître l’énergie réellement

< utilisée, il est loisible d’espérer que le progrès de la vie – dans le

sens le plus large du mot, – augmente encore, dans des proportions prodigieuses, cette énergie utilisée ; mais il est certain aussi que jamais Y énergie utilisée ne pourra croître au delà dé toute limite, car jamais elle n’égalera l’énergie utilisable, elle-même ’Condamnée à décroître toujours jusqu’à devenir nulle.

Bernard Brunhgs. “