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pure ; elle n’a pas besoin d’être fortement sollicitée pour venir traduire les conceptions les plus neuves en ce qu’elles ont même de plus subtil, et elle répugne visiblement à toutes les formes d’expression paradoxales qui ne sauraient produire que des effets extérieurs d’étonnement. D’une allure assez lente et un peu sinueuse, comme pour permettre à Fesprit.de rie pas s’engager trop vite et l’empêcher de se heurter, elle se déploie très librement avec une fluidité quasi immatérielle quand la pensée n’a qu’à" se donner telle qu’elle est, dans sa nouveauté première et dans sa puissance spontanée d’expansion ; pelle se resserre et devient comme plus dense quand la pensée doit se soumettre à l’épreuve delà critique ou au contrôle des faits. Elle visé moins multiplier les images qu’à tirer tout le parti possible des images employées ; elle procède avec une égale ingéniosité par schèmes abstraits et par métaphores concrètes. Elle tend par toutes les voies à être claire ; mais surtout, comme la pensée qui l’inspire, elle -travaille à réveiller dans les intelligences habituées à la fausse évidence des constructions logiques le sentiment de la clarté naturelle, de cette clarté qui naît, selon l’auteur, du contact immédiat de l’esprit et du réel. C’est en effet la première et la plus constante préoccupation de M. Bergson que d’amener son lecteur à concevoir que la réalité n’a. en soi rien de mystérieux et qu’il n’y a pas lieu de mettre en œuvre, pour essayer de l’atteindre, des facultés transcendantes ; la réalité n’a pas à être devinée ou construite ; elle n’a qu’à être constatée. « La philosophie n’est qu’un retour conscient et réfléchi aux données de l’intuition. » Voilà pourquoi il faut commencer par écarter les théories qui ont développé avant tout des concepts abstraits, par là même éloignés de l’objet à expliquer. Comment, avant toute théorie de ce genre, se présente le monde extérieur ? Il se présente comme un ensemble d’images qui agissent et réagissent les unes sur les autres dans toutes leurs parties selon des lois constantes, c’est-àdire suivant des rapports tels qu’une science parfaite pourrait dès à présent déterminer ce qui se passera dans chacune d’elles : Mais parmi ces images il en est une qui tranche sur les autres en ce qu’elle m’est connue non seulement du dehors par des perceptions, •mais encore du dedans par des affections c’est mon corps. Et le caractère de cette image vraiment singulière, c’est qu’elle s’intercale entre des mouvements reçus et des mouvements exécutés ou commencés, de telle sorte que la production des seconds mouvements