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30 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

sophies appelaient âme. Faits de conscience, et rien que cela, les réalités passées et les réalités futures que nous distinguons ordinairement des réalités actuelles. En somme, nous ne renions aucune des catégories d’existence, aucune des sciences particulières, aucune des coordinations précédemment établies, et le rationalisme quantitatif et physique, par exemple, reste le dernier stade de la science théorique, mais à condition de tout concentrer dans la conscience. Esse est sentire. L’objet n’est pourtant pas supprimé. Heureusement, car la pensée serait supprimée avec lui. Mais, au lieu de s’opposer à la conscience, il y trouve, lui aussi, une place. Il n’est plus question d’un sujet universel, infini, qui devrait l’exclure. Le sujet, c’est l’un des deux faits qui entrent en rapport ; l’objet, c’est l’autre fait ; et la pensée n’est que la comparaison de l’un avec l’autre. Pour tenir compte d’une réflexion précédente, on pourra dire que chaque fait de conscience, bien que ne saisissant que soi-même, arrive à la connaissance de son coexistant par la négation que celui-ci lui inflige. En raison de leur différence, chacun se sent nié par l’autre, et le connait dans la mesure où il sent sa propre négation. Des deux faits coexistants, c’est le dernier venu qui doit la sentir avec le .plus de vivacité. En effet, il n’a pas encore rencontré d’obstacle il n’a été usé par aucun rapport précédent ; il se prononce pour l’existence en toute son intégrité, en toute sa fraîcheur ; bref, il est la conscience par excellence. Pourquoi donc ne pas l’appeler le sujet, tandis que l’autre, plus faible, serait l’objet ? Mais nous n’insistons pas sur cette explication, il nous suffit de savoir que le phénoménisme permet t l’objet de trouver place dans la conscience. Dès lors, l’esprit reprend sa liberté. Qu’est-ce qui l’arrêterait pour passer d’un monde à l’autre ? Des deux côtés, c’est la même nature foncière, c’est la conscience. Remarquons ceci, en particulier ce qui vaut pour le sujet vaut aussi pour l’objet. Donc les catégories ne sont plus seulement ou subjectives ou objectives, elles sont subjectives et objectives à la fois. Comme il ne reste rien pour la dialectique en dehors de la conscience, la loi de la conscience est aussi la loi des choses. Et par conséquent de nombreuses discussions doivent prendre fin. Ainsi, par exemple, celle qu’a provoquée la théorie de Hume sur la causalité. La loi causale, enseigne ce philosophe, est nécessaire, mais d’une nécessité purement subjective. Cela ne suffit pas à la science, lui a-t-on répondu, car la science est vaine si elle n’a pas une portée objective. Si la nécessité est dans le sujet, disons-