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G. REMACLE. – r RECHERCHE û’tJNE MÉTHODE EN PSYCHOLOGIE. 331 nous pouvons constater cette « certitude » par son effet juger ainsi de sa véritable nature et reconquérir sur elle notre liberté et notre mouvement. La certitude particulière subconsciente contribue,1 comme élément, à constituer en nous un caractère, un tempérament que nous appellerons mental pour le distinguer de ce qu’on nomme proprement le caractère. Que lescertitudespsychologiques auxquelles arrive chaque individu par la réflexion sur ses propres phénomènes soient scientifiques- ou non, leur résultat réel et dernier est le même • la constitution d’une idiosyncrasie qui tend à le rendre inapte soit à sortir spontanément d’un certain cercle d’idées, soit à concevoir, sinon verbalement, des idées psychologiques de famille différente qui lui seraient présentées d’ailleurs. Ces certitudes particulières qui sont devenues subconscientes,- nous les connaissons donc, mieux encore, nous-les sentons, dans leur résultat,, qui est de tendre a faire tomber l’âme sous les prises d’une loi d’inertie analogue à celle qui domine un monde matériel. Par elles et en elles l’âme tend à réaliser -en elle-même, dans la mesure où le permet son essence, le méca-* nisme. Sans doute, le mot « mécanisme » n’est pas ici le terme propre : nous ne l’employons que pour désigner, son homologue (pour lequel le mot nous manque) dans le monde non spatial. Cet homologue serait la renonciation à l’exercice intégral de la spontanéité, la négation partielle de l’essence de l’être par l’être lui-même. Nous disons :,» serait », car cette mécanisation échoue à se réaliser. Le choc même que nous fait éprouver l’énoncé de propositions auxquelles cette idiosyncrasie intellectuelle nous a, insensiblement et à notre insu, rendus hostiles, à la fois nous avertit que nous déclinio’ns vers le mécanisme et montre que nous commençons, ce moment même, à nous ressaisir. Car ce choc, indice d’une lutte, révèle que nous avons, ne fût-ce qu’un- instant, échappé aux prises de l’inertie pour concevoir la proposition à Laquelle cette inertie envahissante tendait à interdire tout accès en nous, que nous l’avons accueillie en nous, dans un éclair de sympathie, aussi vite éteint qu’apparu.. Mais il dépend de nous qu’il ne s’éteigne pas ; nous pouvons prolonger ou renouveler ce choc dans lequel retentit encore une harmonie très affaiblie,,à(in d’intensifier de plus en plus celle-ci et de lui permettre a de développer ses virtualités. Qui n’a éprouvé qu’un effort prolongé et de bonne volonté pour entrer, comme on dit, dans la pensée d’un adversaire, rend moins hostile aux idées de cet adversaire, quelle qu’ait été l’intensité première de cette hostilité, fait découvrir des