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J.-J. GOURD. LES TROIS DIALECTIQUES. 293

ude à l’absolu pour le faire ressortir en sa plus pure absoluité. Elle tude à l’absolu pour le faire ressortir en sa plus pure absoluité. Elle sera la dialectique du relief, du contraste, puisqu’elle doit être celle de l’intensité immédiate. – Quelquefois, il est vrai, elle procédera à une sorte de coordination ; et même, à certains moments, cette coordination prendra une grande importance ; mais ce ne sera point pour éteindre les incoordonnés l’un par l’autre ; ce sera, au contraire, pour les vivifier l’un par l’autre. Cette coordination se fera en faveur des termes particuliers, et non de l’ensemble. Au lieu d’être extensive, elle sera intensive. En définitive, elle laissera à la dialectique religieuse son caractère spécifique.

Et ce que nous avons dit de celui-ci ne rappelle-t-il pas l’effort des grandes époques religieuses ?- Transportez-vous, par exemple, aux premiers siècles de l’Église chrétienne. On ferait fausse route en essayant de juger leur œuvre au point de vue de la vérité scientifique. Les docteurs de l’Église mettent, il est vrai, leur croyance en corrélation avec les doctrines philosophiques de leur temps ; mais c’est secondaire pour eux. Ce qu’ils cherchent avant tout, c’est à rehausser t.

l’absolu en la personne de leur Maître. Et, loin de reculer devant les thèses abruptes, déconcertantes, ils semblent s’y complaire. Il faut que le Christ soit plus qu’un homme, plus qu’un homme surnaturel- U lement inspiré de Dieu, il faut qu’il participe à la divinité, qu’il soit une hypostase divine. Et, plus tard, cela ne suffira pas, il faudra que cette hypostase, éternelle et non créée, soit égale en dignité à l’unité primordiale elle-même. – Transportez-vous aussi au siècle de la Reformations On ferait encore fausse route en essayant d’en juger les doctrines au point de vue strictement moral. Ce que cherchent avant tout les réformateurs, c’est à faire éclater la gloire de Dieu. Or, ce serait la voiler que de soumettre l’œuvre du salut à l’intermédiaire de l’Église et du prêtre, ou seulement à la liberté de l’homme. L’homme ne sera donc relevé du joug de l’Église que pour être anéanti devant Dieu. Incapable par lui-même de faire le moindre bien, corrompu au plus profond de son être, il devra tenir sa justification d’une foi qui dépendra elle-même d’une grâce. Pour’ que Dieu soit tout, il faudra que l’homme ne soit rien. Formules vicieuses, sans doute, surtout en ce qu’elles confondent des domaines qui devraient rester distincts, mais dont l’esprit se justifie par notre conception de la dialectique religieuse, et qui en fournissent dès l’abord une superbe illustration.