Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

242 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

- .1. r.,

la conscience elle-même et à faire évaporer le moi au sein de la nature.

Toutefois, il est juste de relever une différence, à l’avantage de M. Hannequin c’est qu’il cherche à découvrir la réalité par la critique de la science, et non par l’analyse de la conscience. Or la conscience ne peut évidemment nous aider à sortir d’elle-même ni nous autoriser à la dépasser, tandis qu’on peut à la rigueur espérer que la science, dont les moyens d’investigation pénètrent la nature bien plus profondément que nos sens, puisse nous ouvrir des vues sur le fond des choses et sur la constitution de la réalité. Et, bien que l’étude critique de M. Hannequin soit propre à décourager un tel espoir, du moins n’est-il pas absurde a priori, ni aussi manifestement chimérique que la tentative de prolonger, au delà des bornes de la conscience, les lignes de l’expérience sensible, pour remonter jusqu’aux choses d’où elles émanent. Aussi voyons-nous M. Bergson lui-même faire appel à la science pour édifier son système du monde car, parti de l’hypothèse idéaliste d’un monde d’images, il aboutit à une métaphysique matérialiste où l’univers se compose de vibrations éthérées, de sorte qu’il réalise, non plus des faits psychologiques, mais des symboles et des hypothèses scientifiques, les moins scientifiques d’ailleurs des hypothèses et des symboles. Tout cela confirme, en somme, cette vérité trop longtemps méconnue par les éclectiques et les positivistes, et que l’exemple de M. Hannequin remettra, espérons-le, en honneur à savoir que ce n’est pas sur la jl psychologie, mais sur la critique scientifique que doit se fonder towen-JJ jj table métaphysique.

L’analogie que nous avons relevée entre les théories de M. Bergson et de M. Hannequin provient sans doute de ce que celui-ci réalise la conscience, en attribuant une valeur objective à l’intuition psychologique. Cette thèse s’explique à son tour par le fait que notre auteur a réalisé le temps, ou du moins « l’avant et l’après », c’est-à-dire la forme pure de la succession et comme, si la durée est la condition formelle du changement, le changement est à son tour la condition réelle de la durée, il en conclut que le changement n’est pas seulement la loi de la conscience, mais aussi la loi des réalités qui nous apparaissent dans la durée (p. 277). 11 va plus loin encore il se croit par là obligé de concevoir ces réalités sur le modèle « de l’être que nous sommes, le seul, parmi les êtres, que nous pénétrions, et par qui nous puissions pénétrer tous les autres (p. 279) » ; Mais alors, il