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EIev. Méta.T. V. – 1897. 1897. {f,

ope à l’agnosticisme, c’est pour tomber dans une sorte d* «n. in Rml,,n w» ir*7 i • T <=««»« ? «e Lucie et ses conséquences morales, ap. Hevue de Métaphysique et de Morale, t. II, p. 531. échappe à l’agnosticisme, c’est pour tomber dans une sorte de sensualisme mystique.

On ne peut s’empêcher de remarquer une analogie frappante entre cette doctrine et celle de M. Bergson Sans doute, M. Hannequin a dévoilé en quelques mots décisifs le défaut de la méthode’ de M. Bergson « D’éclairer le mystère de l’intuition sensible autrement qu’à la lueur de nos propres concepts, d’essayer en un mot de réfléchir ce qui, par la réflexion même, cesse d’être sensation et devient connaissance, c’est sans nul doute œuvre vaine et d’avance condamnée (p. 236) ». Et pourtant, n’est-ce pas une œuvre de ce genre qu’il a entreprise en cherchant à déterminer" les choses en soi d’après « l’empreinte la plus fraîche qu’elles laissent sur nous (p. 265.) » ? Si vraiment la sensation est la révélation de la réalité et la communion de l’esprit avec les choses, la seule méthode légitime ’̃< consiste à « reprendre contact avec le réel.» en « allant chercher l’expérience à sa source », et à « rétablir l’intuition dans sa pureté première en la dépouillant, s’il est possible, des formes que la sensibilité et l’entendement y ajoutent, et qui Féloignent de plus en plus de la réalité « telle qu’elle apparaîtrait à une intuition immédiate 3». Une telle méthode engendre une sorte d’empirisme trans- ̃ cendant : au rebours du rationalisme qui se flatte de dépasser l’expérience par-dessus, grâce à une intuition rationnelle, cette doctrine prétend dépasser l’expérience par-dessous, en allant chercher l’objet’ en dehors de la conscience, ou tout au moins en essayant de le saisir au moment où il entre dans la conscience et avant que notre sensibilité ait pu le déformer. Pour connaître les choses telles qu’elles sont, il ne faut pas user de l’intelligence, qui ne peut que les dénaturer, mais se rapprocher de l’expérience brute, se plonger, dans le tourbillon des sensations, s’,abimer enfin dans le torrent de la vie animale et végétative, se perdre dans l’inconscience et se noyer dans les choses. Ce réalisme psychologique conduit à l’idolâtrie du fait, en métaphysique et en morale mais il se détruit lui-même, car, en s’attachant aux données immédiates de la conscience et en voulant les dégager des formes intellectuelles, il arrive à dissoudre •I. Voir Matière et Mémoire, Alcan, IS96

. Livre 11, chap. m, IV (p. 382 sqq.).

t. IvfïitT-SSS ¥émOi’’e’ P- 201-203 ; ap. Sevue de Métaphysique et de Morale, t. IV, p. 257-258..

. Cf.’ Jean Weber, Une étTie réaliste de l’acte et ses conséquences morales, ap. Hevue de Métaphysique et de Morale, t. lI, p. 531.