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G. SÊAILLES. – LES PHILOSOPIIIES DE LA LIBERTÉ. 177 ~ ?T i suiBiiuc uuu ai i empioi ue la meuioae expérimentale, Rev. Meta. T. V. – 1897. 12

Renouviër reprend et ’développe avec une singulière originalité Renouviër reprend et développe avec une singulière originalité les idées’ de J. Lequier. Il réfute l’antinomie de la raison -spécula-

?’ tive et de la raison pratique’ : ce qui s’oppose au libre arbitre, ce 

n’est pas la pensée, ce ne sont pas ses lois, c’est le préjugé des ’philôsophes, ce sont les idola theatri, c’est la manie d’enfermer le monde dans un système qu’on déclare tout à la fois fermé et sans .( limites. Loin d’être la condition de la pensée, la nécessité en est’la/ négation ; loin de contredire’ l’intelligence, la liberté est impliquée’ dans tous ses actes. La nécessité suppose que l’on peut remonter à’ l’infini la série des phénomènes, elle revient à poser ’des suites de’1’ faits donnés sans commencement et sans nombre ; mais admettre l’existence actuelle d’un nombre sans nombre/de phénomènes pro- ` duits et écoulés, c’est poser un nombre qui n’est pas’ un nombre, c’est violer le premier principe de la pensée, principe de contradiction. Si, par respect même pour la pensée, nous sacrifions les h~ ] fausses exigences de la pensée, principe de raison suffisante, continuité, enchaînement nécessaire, l’intelligence, ramenée à ses caté- - ? gories essentielles, ne s’oppose nullement à l’existence dos faits indéterminés, des commencements absolus. Nous pouvons aller plus loin affirmer que tout exercice réfléchi de ’l’intelligence, que tout juge-, ’ment, que toute affirmation n’est rendue possible que par une libre décision qu’on retrouve ainsi au principe de toute certitude. Toute connaissance est croyance, toute croyance implique une- actions réelle, efficace la négation de la liberté n’est pas une exigence de =la pensée, elle en est l’anéantissement. Supposant un libre sous les actes mômes de l’intelligence, rattachant la science aussi bien que ’la morale à la croyance volontaire, Renouviër fait poser la théorie comme la pratique sur la liberté, et par là substitue à l’antinomie l’unité de la raison spéculative et de la raison pratique. Quelle que soit l’ingéniosité de ces .considérations générales sur Dieu, sur la connaissance, ne reste-t-il pas toujours comme obstacle à la liberté grand fait de la -science positive, dont il semble difficile de contester que le déterminisme soit tout à la’fois et le postulat et la conséquence ? L’auteur la la Contingence des lois de la Nature i ? nie cette solidarité ’de la science positive et du déterminisme, et par une sorte de paradoxe qui est une vue profonde, il tire des méthodes et des résultats de la science une conclusion contraire ’à celle que l’on n’en tire que par une ’sorte de relâchement de l’esprit logique. La science-doit ses progrès à l’emploi de la méthode expérimentale,