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176 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

de l’idée de Dieu, de sa nature, de ses attributs, c’est l’objec de l’idée de Dieu, de sa nature, de ses attributs, c’est l’objection théologique qu’il retourne en preuve. Durant des siècles, les théologiens de la scolastique se sont embarrassés dans les oppositions du libre arbitre avec la prescience, avec la toute-puissance de Dieu, c’est en Dieu, c’est au cœur de la réalité, c’est dans le principe de toute existence qu’il met la contingence pour être assuré de la retrouver en tout le reste. Dieu ne peut être que l’absolue liberté ;

![ :! l’absolue liberté ne nie pas les libertés relatives, elle les pose. A tous 

ses degrés, l’Être est action, contingence ; le monde est à la lettre une histoire, le grand drame de la conscience, dont nous surprenons .le secret dans les contrastes de notre nature, dans nos luttes et nos défaillances, dans nos chutes et nos relèvements la philosophie est l’effort pour découvrir, à la clarté du devoir, derrière l’ordre physique apparent, l’ordre moral seul réel.

C’est par la théologie, par la réflexion sur la nature de l’absolu que Secrétan aborde le problème et prétend le résoudre ; c’est la théorie de la connaissance que le néo-criticisme, retournant en preuve la plus redoutable des objections, veut faire servir au triomphe de la liberté. La pensée ne comprend que ce qu’elle détermine ; un fait nouveau qui ne tient à rien, sans rapport à ce qui le précède, entre en elle brusquement, du dehors ; un commencement absolu la déconcerte ; elle va par un progrès qui est sa vie même de la diversité des phénomènes a l’unité des lois, de l’accident apparent aux relations nécessaires, du présent au passé qui le contient et l’explique, de la discontinuité du sensible à la suite des raisons qui l’enchaînent. Secrétan reconnaît que dans son système la science se E ! présente comme un obstacle, parce que le déterminisme semble, selon la pensée de Kant, inhérent à la pensée. Le néo-criticisme, par un coup d’audace, fait de la connaissance non plus la négation, mais la preuve de la liberté.

Un philosophe français, Jules Lequier, que M. Renouvier a révélé au public et qu’il donne pour son maître, résistant au préjugé tradi- ~J tionnei, ramena le problème même de la connaissance au problème S de la liberté. « II méditait jour et nuit le plan d’une reconstruction E de la méthode et d’une réforme entière de la philosophie «dont le

principe serait la liberté reconnue « comme la première vérité » dont 

toutes les autres dépendent, parce que celui qui la nie se condamne à ne jamais atteindre la certitude, dont elle est la condition, et, qu’il ’le veuille ou non, s’enferme dans Je scepticisme.