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G. SÉAILLES. – L1ÎS PIIILOSOPIIIES DE LA LIBERTÉ. 173 directement la conscience, la psychologie subjective néglige l’étude des mouvements qui sont en corrélation avec les faits internes elle est amenée ainsi à séparer l’homme moral de l’homme physique et celui-ci du milieu dans lequel il plonge ses racines. En fait, tout phénomène psychique, sensation, image, s’ac’compague de mouvements qui en font partie intégrante, qu’on ne peut modifier sans le t modifier du même coup. La réaction qui répond à l’excitation ne fait en un sens s que la continuer. La volonté est un mot abstrait qui nous éloigne des faits. Revenons aux faits un acte volontaire au terme se traduit par un mouvement ; or ce mouvement est un phé-r nomènephysique qui ne peut avoir que des antécédents physiques. .,< L’individu no crée pas de force, le budget de la nature est inva- 1 riable l’organisme est un appareil très complexe qui emprunte au milieu externe une énergie qu’il lui restitue sous le choc de l’ex- 1 1 citation. Comprendre le phénomène psychique, c’est, en dernière J’. analyse, le’ traduire en termes mécaniques. «La réaction finale (la décision), résultant de la délibération, n’est, comme touLes les autres réactions du système nerveux, que l’effet mécanique d’un changement moléculaire-dans un centre nerveux » (Maudsley). Ladélibéra-, tion elle-même, de ce point de vue’, n’est qu’un phénomène physique, une ’suite de vibrations qui se propagent au sein des couches corticales des hémisphères. Pour apercevoir le côté réel de la vie consciente, il faut tourner vers le système nerveux, étudier ses lois, définir -avec une précision croissante les procédés par lesquels il concentre le mouvement et, sous l’influence du stimulus externe, 1 à travers. des circuits glus DU m

sans accroître -sa quantité. La conscience, sorte de trace lumi- ) neuse que" laisse ce mouvement complexe en se produisant, n’a aucune efficacité ; à dire vrai, elle n’est pas un phénomène, elle esL un êpi- ̃ phénomène, je ne sais quelle. superfluité. L’homme est un automate, il n’agit pas, il est agi.

C’est au moment où l’analyse psychologique ruine la preuve directe de la liberté, -au moment où la science oppose à l’idée d’un fait contingent, indéterminé, la dénégation de tous les faits observés, s ; et comme le veto de l’univers, que le problème prend une importance nouvelle. Pour les anciens qui s’efforcent d’identifier le bon- ̃ heur1 et la vertu, de réaliser dès ici-bas Je souverain bien qui résulte de leur union, la vie morale n’est pas inconciliable avec le détermi-’ nisme. à mesure que l’esprit s’éclaire, la volonté se fortifie ; le bien P.