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•15.6 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

IV. Affirmations pratiques. – La dialectique pratique ne saurait se désintéresser de ce qui se passe danslemonde théorique. Tour à tour

!h elle accepte et elle corrige les résultats de la scienee. Elle les accepte, 

puisqu’elle s’en sert, par exemple, pour préciser son point de départ et, pour établir son échelle de biens. Elle les corrige, puisqu’elle reprend pour son compte les éléments que la science a successivement abandonnés. C’est ce dernier travail qu’il nous reste à considérer. Remarquons d’abord qu’il n’en résulte point une contradiction véritable entre les deux dialectiques. – Les affirmations pratiques

![ ̃elles affirmations théoriques se produisent, en effet, à deux points 

de vue différents. Ce que la seconde dialectique reprend, elle ne songe point à le déclarer valable au point de vue de la première. Elle le tient pour bon, pour pratiquement bon, et non pour scientifiquement vrai. Sans doute ses affirmations résultent d’une coorj dination, et cette coordination s’étend jusqu’au domaine théorique, mais sans y pénétrer. C’est une simple confrontation des deux domaines, faite du point de vue pratique. Telle affirmation sur le ~] monde donné est-elle avantageuse pour la morale ? Voilà comment la question se pose. La dialectique pratique ne songe même pas à opposer la vérité de fait à la vérité scientifique. De quel droit parlerait-elle au nom ’de la vérité de fait ? Non, c’est toujours et exclusivement d’intérêt pratique qu’il s’agit pour elle. Par conséquent,, ses conclusions peuvent "différer de celles de la science, sans les contredire directement. – Mais alors ne sont-ce pas les deux points de vue qui se contredisent ? Cela même n’est pas exact. Reportons-nous à la formation de la morale du bien. Du point de vue quantitatif nous sommes passés alors au point de vue qualitatif. Les Distinctions par plus et moins se sont transformées en distinctions d’essence. Avons-nous pour cela déclaré sans valeur pratique la tentative de la science de tout ramener au point de vue quantitatif ?

N’avons-nous pas remarqué que la qualité morale bénéficie 

des avantages obtenus à ce point de vue ? La situation est la même ici. Les affirmations pratiques attendent, pour se produire, que les affirmations théoriques aient produit elles-mêmes leur effet. C’est dire que celles-ci ont leur raison d’être, même pour celles-là. Elles leur servent de contenu, on pourrait dire aussi de fondement. Les s affirmations pratiques se superposent en quelque sorte aux affirmations théoriques. Comment donc parler de contradiction entre elles ? C’est dire aussi qu’elles ne portent pas exactement sur le même