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J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 153 A.

soins esthétiques élémentaires de notre personne.. Sauf de rares exceptions, elles sont agréées immédiatement. Pourquoi donc en encombrer le. domaine moral ? Ce qui est inutile pourrait devenir nuisible. C’est ainsi que la philosophie phénoméniste néglige les résultats des sciences particulières, tant qu’ils restent très près du < monde concret, el qu’elle ne presse point les physiciens ou les naturalistes de traduire rigoureusement leurs observations en son lani gage. – En revanche, la morale de l’obligation insistera sur les près- r jeriptions difficiles à suivre, sur celles qui risquent "de lasser notre patience, ou réclament une défense énergique contre de pressantes I attaques. Ou encore sur celles qui sont .particulièrement en har- | monie avec son principe caractéristique. Telles, les prescriptions ` t relatives aux biens qu’on peut appeler moraux au sens strict. 11 y a, en effet, deux manières d’entendre le bien moral, ou le plaisir ,i’ moral..Au sens large, est moral tout plaisir sérié obtenu à son rang

d’urgencë et dé ""C’ 

d’urgence et de richesse. Au sens- restreint, n’est moral qu’un certain plaisir intellectuel dû1 à la contemplation de l’agent moral lui-même. Quand notre pensée se porte, soit sur noire vie propre, soit sur une autre vie, et qu’elle n’y rencontre point de violation du devoir, point d’interruption de la série des volitions par une volition révoltée ; quand elle peut passer d’un événement à un autre, d’un acte à un ix : autre, avec ordre, sans heurt,, rapidement, alors il se produit un ",I.~ plaisir d’une espèce particulière, et d’autant plus riche qu’il est dû à une plus longue chaîne de volitions coordonnées. Naturellement’la morale de l’obligation accorde à ce plaisir, qui lient de si près à la bonn,e disposition .de la volonté, une attention spéciale, et insiste sur le bien qui y correspond. – Mais il y a plus. En suivant sa ` logique, elle est amenée à ne donner d’importance qu’à ce bien ~y~ moral, et même, à ne considérer en lui que la fidélité à la loi et. ~i l’abdication. du sujet devant l’objet. En définitive, il ne subsiste pour elle d’autre bien que celui de l’intention moralement soumise. Et* ain&i, ce n’est plus la loi qui dérive du bien, c’est le-bien qui dérive l de la loi. Kant peut dire il n’y |a, qu’une seule chose dans le monde, i : et même en dehors dir monde, qui ail une valeur absolue, c’est la : ;7’ bonne volonté. Cette assertion, absurde et dangereuse à un autre C’ ~S .moment de la dialectique, et si on la séparait de tout ce qui précède, est ici parfaitement légitime.

Elle va nous mettre à l'aise avec la difficulté du premier terme. – Et d’abord pourquoi s’inquiéter de celle-ci au point de vue de la