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J48 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

fnBmft f|«.nB notre esorit entre l’idée de moralité, d’une part, et les forme dans notre esprit entre l’idée de moralité, d’une part, et les êtres moraux, ou simplement capables de moralité.d’autre part.et nos impressions se reportent tout naturellement d’un terme sur l’autre. Tout homme représente en quelque sorte objectivement la puissance de moralité, et participe indirectement, mais en une large mesure, a ce qui est digne de respect en elle ; il devient chose sacrée comme elle Et ainsi s’accuse toujours plus nettement notre devoir altruiste.

Avec tous ses mérites, la morale du bien ne représente pourtant pas le dernier stade de la dialectique pratique. Voici encore, en effet, la difficulté du premier terme. Où placerons-nous la perfection suprême ? A quel degré ? A quel moment ? Et même peut-il y avoir une perfection suprême ? Non, puisque le mouvement qui emporte la dialectique sur l’échelle du bien ne saurait s’arrêter. Une perfection nous conduit à une perfection plus haute, celle-ci à une autre plus haute encore, comme une unité abstraite à une autre unité abstraite, et cela infiniment. L’enrichissement du bien est sans limite, comme la généralisation de l’objet rationnel. Et, malheureusement, la perfection moins haute suppose la perfection plus haute, et toutes les perfections supposent ainsi une perfection suprême. Il en est des degrés de valeur comme des degrés de généralité ils forment une échelle de dépendance. La volonté n’est jamais entièrement retenue par le bien qu’elle agrée. En l’agréant, elle est déjà sollicitée par un bien supérieur. Elle ne l’agrée qu’en le dépassant. Voilà. donc une coordination nécessairement inachevée. Essaverait-on de transformer la perfection suprême en une perfection absolue, et de réaliser celle-ci au-dessus de la hiérarchie morale ? Cette perfection absolue demeurerait radicalement étrangère à la dialectique. Il ne faudrait pas songer à lui rapporter les. degrés du bien devant l’absolu, il n’y a point de degrés. Il ne, faudrait pns songer à lui demander une fin qui rendit possible les autres fins l’absolu, qui ne suppose rien, n’est supposé par rien. Et puis, de quel droit arrêter le mouvement ascendant de la volonté, même pour poser une perfection se suffisant à elle-même ? N’est- ce pas justement l’idée d’une perfection se suffisant à elle-même qui est en désaccord avec la dialectique, du. moins tant que celle-ci ne dépasse pas la morale du bien ?

Nous avons d’ailleurs une autre raison, et une raison plus importante encore, de nous avancer vers une nouvelle étape.