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G. NOEL. LA LOGIQUE DE HEGEL. 13 *3

logique ; elles lui sont superposées plutôt qu’elles n’en procèdent. Que Dieu possède tels attributs et tels modes, c’est là une pure donnée, un fait empirique et rien de plus. Hegel ne s’enferme point dans la stérile affirmation de la liberté divine ; il la démontre ou plus exactement il la montre, il nous le fait voir en acte. Il explique en détail comment les diverses déterminations de l’Idée s’y ratta-’ chent et en procèdent, comment toutes contiennent implicitement la totalité où elles sont explicitement contenues. Il nous élève du multiple à l’un et nous fait redescendre de l’un au multiple. Non seulement l’Idée hégélienne possède cette liberté négative qui consiste à n’être déterminé par aucune puissance extérieure ; mais elle réalise en elle-même la liberté positive. Ses déterminations ne sont que les expressions diverses de son indivisible essence, puisque cette essence consiste tout entière à les produire et à les supprimer et à se réaliser soi-même dans ce double mouvement d’expansion hors de soi et de retour en soi. Donc, de quelque manière que nous interprétions le mot panthéiste, nous arrivons à la même conclusion ou il ne s’applique point à Hegel, ou il convient au même titre à tout philosophe qui entend maintenir les droits de la raison. Ainsi Hegel est tout autre chose qu’un simple continuateur de Spinoza. On nous accordera sans doute qu’il n’est à proprement parler le disciple d’aucun des philosophes prékantiens, et qu’il a faites siennes,’ en les démontrant par une méthode originale, les conclusions qu’il a pu leur emprunter. Toutefois, n’est-ce pas à ces philosophes pris en masse qu’il se rattache directement ? Son œuvre n’est-elle pas un effort pour renouer la chaîne que Kant se flattait d’avoir brisée ? La révolution criticiste n’est-elle ,pas non avenue pour lui ? En un mot, n’est-il pas un dogmatique plein d’une naïve confiance dans la puissance illimitée de la raison humaine ? Quel contraste entre sa témérité spéculative, qui ne s’arrête devant aucun obstacle, ne réserve aucun problème, et la prudente attitude de Kant ! Comment du plus puissant effort qu’on ait jamais tenté pour obliger la raison à reconnaitre ses limites, aurait pu sortir l’orgueilleuse proclamation de sa souveraineté absolue ? Certes il y a là un fait curieux’et propre à jeter dans un profond étonnement celui qui se bornerait à considérer le, résultat, sans tenir compte de l’évolution qui l’a produit et qui l’explique. Cette évolution, nous l’avons sommairement décrite au début de ce, travail et l’on nous excusera de n’y point revenir. Nous nous attacherons uniquement ici à déterminer la