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LA MÉTHODE

LA « GÉOMÉTRIE » DE DESCARTES
AU POINT DE VUE DE SA MÉTHODE

La Géométrie parut pour la première fois en 1638, à Leyde, et comme pendant au Discours de la Méthode. Dans ce Discours, Descartes avait parlé d’une méthode universelle qui devrait servir surtout aux nécessités de l’esprit qui désirait chercher la vérité dans les sciences. Mais c’eût été peu que d’indiquer du doigt le chemin que devrait suivre la raison dans cette recherche, s’il n’eût donné en même temps des exemples de l’applicabilité pratique de cette méthode. Descartes en donne trois, choisis expressément de manière à démontrer sa portée universelle : la Géométrie, où il l’applique aux mathématiques pures ; la Dioptrique, où il l’applique à une question de physique ; les Météores, où il l’applique à une question de philosophie naturelle. Mais c’est la Géométrie surtout qui, aux yeux de l’auteur, paraît propre à faire ressortir la valeur de sa nouvelle méthode. « J’ai seulement tâché par la Dioptrique et par les Météores, écrit-il à un de ses amis[1], de persuader que ma méthode est meilleure que l’ordinaire ; mais je prétends l’avoir démontré par ma Géométrie. » Ce n’est point pourtant dans le Discours que l’on doit chercher l’exposition détaillée de la méthode cartésienne et ce n’est pas encore à ce même Discours que la Géométrie en dernier lieu se rattache. Il y a une autre publication de Descartes à laquelle ce traité sur la géométrie se rattache par un lien bien plus étroit et

  1. Lettre au R. P. Mersenne (avril 1631). Œuvres, éd. Cousin, t. VI, p. 299.