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son, à itz, hitz „parole“. Ici, M. de Ch. fait, qu’il me permette cette expression, de la haute fantaisie ; il dénie à iz le sens de „être“ et voit dans le participe izan un conglomérat des deux suffixes z „par“ et n „dans“. Il y aurait là une série de phénomènes fonctionnels qui vaudraient la peine d’être examinés de plus près et d’être exposés plus en détail à nos yeux. Pour ma part, j’ai autant de peine à comprendre comment „par dans“ ou „dans par“ a pu arriver à prendre le sens de „être“, qu’à concevoir une assemblée de Basques s’apercevant un beau matin que leur langue n’a pas de verbe et s’empressant illico d’en créer un, partie en copiant les langues des Yukatèques ou des Peaux-rouges, partie en pillant dans le vocabulaire celtique.

Admettons pourtant que l’hypothèse de M. de Ch. soit plausible. À quel moment devra-t-elle être vérifiée ? Et quelle forme dialectique devrons-nous tenir pour plus authentique ? Il nous faudra incontestablement, avant de commencer notre excursion en Bretagne ou en Amérique, chercher la forme du verbe basque la plus rapprochée possible de l’époque de création ou d’emprunt ; il nous faudra par conséquent comparer toutes les variétés dialectales d’une même forme pour retrouver le type fondamental. Or, un tel travail montre d’une façon irrécusable la présence du radical iz à toutes les formes du présent et de l’imparfait de l’auxiliaire „être“.[1]

Je dois notamment insister ici sur l’imparfait pour démontrer l’erreur de M. de Ch. au sujet de zen „il

  1. Voyez Revue, V, p. 208 et suiv., et surtout la citation d’un passage du pr. Bonaparte dont M. de Ch. ne récusera certainement pas l’autorité, p. 208 ; tout au plus, des doutes pourraient-ils être élevés pour la 3e pers. sing., mais je tiens pour provisoirement satisfaisante mon explication de la p. 210, note.