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Je ne prétends point nier l’influence des langues étrangères sur un idiome donné, et j’accorde volontiers à M. de Ch. que l’étude des dialectes celtiques, ougriens ou canadiens ne sera pas sans utilité pour l’analyse du basque, quoique les patois romans des Pyrénées soient les idiomes qui, manifestement, ont exercé l’action la plus forte sur l’escuara. Mais la parenté du basque et des langues américaines (algonquin) me semble fort problématique, malgré la ressemblance apparente des pronoms personnels et du signe de pluralité ; il n’y a point de racines communes, et, pour soutenir cette parenté imaginaire, il faut en revenir à la théorie si élastique de la famille „touranienne“. Je repousse donc l’assimilation de ces analogies accidentelles avec les rapports entre le sanskrit et „nos dialectes japhétiques“. Pour justifier les emprunts ou les imitations qu’il suppose, M. de Ch. cite l’exemple du magyar qui, sous une influence aryenne, a formé des verbes composés à l’aide de prépositions, et prétend s’en prévaloir pour affirmer la possibilité d’une transformation de suffixes en prépositions. Il y a là une confusion regrettable ; une préposition, c’est un mot déjà fonctionnel, généralement indépendant et reconnaissable dans la composition, tandis qu’un suffixe est originairement une racine nue, plus ou moins usée dans la suite des temps, et essentiellement inséparable. Sans doute, le hongrois a des verbes composés prépositifs, mais, à la moindre occasion, la préposition se sépare du verbe ; p. ex. je relève dans le travail de M. Ribáry, a baszk nyelv ismertetése, la phrase suivante : „ha most már a tárgyeset többesét is ki akarjuk fejezni, a tő és tulajdonítói rag közé zki szótag tétetik közbe (Si mainte-

    ayant un sens de substance ou de fait et non pas un sens d’action en train de se faire.