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lui, cet u est le signe du pronom régime), le prince B. reconnaît aux verbes basques un radical à sens d’action, puisqu’il dérive les diverses formes des auxiliaires de iz „être“, de egin „faire“ ou de egoki „demeurer“ ; pour plus de détails, les lecteurs voudront bien se reporter à l’article cité et spécialement aux p. 201 — 202 où est résumée toute cette théorie verbale générale.

Le troisième système, par lequel on a cherché à expliquer les originalités de la conjugaison basque est à coup sûr nouveau et mérite d’être examiné en détail. C’est celui de M. de Charencey, qu’il n’a jamais longuement et complètement développé, mais qu’il a esquissé dans plusieurs de ses écrits et notamment dans un travail qu’a publié cette même Revue (V, p. 389).

Pour M. de Ch., il n’y a point de verbe en basque. Tous les soi-disants verbes simples sont composés de sortes de participes verbaux et d’un auxiliaire, affirmation que Darrigol, Chaho, M. Inchauspe et d’autres ont avancées avant M. de Ch., mais dont, pas plus que lui, ils n’ont essayé une démonstration. Et cependant, tant qu’on n’aura pas clairement fait voir la différence formelle entre naiz ou niz ou naz „je suis“ et nathor ou nator „je viens“ ; tant qu’on n’aura pas prouvé matériellement et phonétiquement la prétendue contraction de ethorten ou ethortzen niz en nathor,[1] les linguistes auront le droit de regarder cette hypothèse comme un à priori absolument inadmissible.

  1. Pour diminuer la force de l’objection, on a dit que nabila „je marche“ = ibili naiz, mais ibili naiz signifie „j’ai marché“. On a dit aussi (Darrigol, Dissertation, p. 109) que nabila = naiz ihil „je suis, marcher (radical)“ ; mais cette construction est contraire à celle voulue par la syntaxe euscarienne, et, en outre, si l’a final de nabila est manifestement épenthétique, comment expliquer la chute des trois lettres iz i dans naiz ibil ?