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ce qui est vraiment nouveau, ce qui caractérise par conséquent la vaste synthèse euscarienne, c’est la faculté d’incorporer dans l’expression verbale même le signe du régime indirect ou attribut, à côté de celui du régime direct ou objet. Qu’y a-t-il cependant là de si étrange, de si anormal, de si admirable ? C’est une simple extension du principe d’agglutination, commun aux langues des deux classes linguistiques supérieures, c’est à dire du développement formel. Les langues aryennes ont joint étroitement au verbe les pronoms sujets seuls ; les langues sémitiques et finnoises ont en outre la conjugaison objective pronominale, s’est à dire qu’elles agglutinent au radical verbal les pronoms régimes directs ; le basque est à un degré de plus : il incorpore les pronoms régimes indirects et développe une abondante conjugaison attributive pronominale. Comment donc justifier l’ardent enthousiasme qui s’est traduit par tant de dissertations aussi extravagantes que ridicules ?[1]

Même en nous en tenant à la période historique de la vie des langues, nous pouvons observer autour de nous des phénomènes capables de nous faire comprendre le développement de semblables formes. Quand l’espagnol écrit pongaselo et l’italien portandovelo, transformant en enclitiques les pronoms qui accompagnent le verbe, il y

    pon et leurs voisins ; le mordvine, le tchérémisse, le votiaque, le syriène, l’ostiaque, le vogoul et le magyar.

  1. Les livres les plus curieux à ce point de vue sont certainement l’Histoire des Cantabres, par l’abbé d’Iharce de Bidassouet (Paris, Didot, 1825) et la Semana Hispano-vascongada (Pampelune, Vve Longas, 1804), pleins l’un et l’autre d’étymologies aussi fantastiques que la suivante proposée par Larramendi (Dictionnaire, prolégomènes, 1re partie. §. 8) : ὕὸωρ, qu’on doit prononcer hydor, vient évidemment par antithèse du basque idorra „sec“ . . . . . Alfana vient d’equus sans doute, lucus a non lucendo, etc.