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derne où l’on a vu dans le n final adventice le signe de l’imparfait.

C’est précisément l’étude de l’imparfait qui m’a amené à ma théorie du verbe basque double, déterminé et indéterminé. Les formes imparfaites, en effet, se classent en deux séries, dont l’une a l’élément sujet préfixé et suit le paradigme de la conjugaison du présent indéfini sans régime direct niz « je suis », (nuen) nu « je l’avais » ; et dont l’autre a l’élément sujet suffixé et suit la conjugaison définie avec régime direct, zitut « je vous ai », (zintudan) zintut « je vous avais ». D’où j’ai conclu que le basque primitif disait nakus « je vois », nankus « je vis », dakust « je le vois », dankust « je le vis ». On voit que je regarderais volontiers comme inorganique la voyelle initiale radicale ; par là s’expliqueraient certaines formes irrégulières comme le eztazki « il ne les sait pas » d’Oihenart.

On pourrait supposer que dans les formes signalées par M. Lacombe, n représenterait le n du radical etzan par une sorte de compensation après la confusion de atza avec au (ago). Mais tout montre que le n final n’est pas organique, car il disparaît dans la conjugaison : noa « je vais » de yoan, dagit « je le fais » de egin, emaguzu « donnez-nous-le » de eman. J’ai même cité eguberri, eguerri « Noël, jour nouveau », de egun, yauregi « château, demeure du Seigneur », de yaun, et le phénomène s’étend aux mois d’emprunt, puisqu’à côté de Lekumberri « nouveau lieu » on a Lekhuine « Bonloc ». Je ne sais pas s’il y a lieu d’ajouter zai-zain « gardien », etc.