Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 41.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 159 —

que ra au commencement forme des causatifs et à la fin prend le sens de « à, vers » ; — que e (ou ke) initial du radical verbal exprime l’affirmation ou l’intensité et que, suffixe final, il indique l’aoriste, la contingence, l’incertitude ; — nous pouvons conclure que les deux positions des suffixes correspondent aux idées que j’ai appelées « mouvement objectif » et « mouvement subjectif » : le préfixe indique que le radical est actif, le suffixe qu’il est passif ; dans *nenkus « je le voyais » l’action s’est faite au temps passé, dans dakusadan « que je le voie » elle est relative ou subordonnée ; dans eraman « emporter, faire se déplacer », le radical fait preuve d’initiative et d’autorité ; dans etchera « à la maison », la maison est le but passif du mouvement. Cette considération explique pourquoi le génitif et l’adjectif, ces deux déterminants, sont traités diversement, le génitif se plaçant devant le nom possédé et l’adjectif après le nom qualifié. Quand je dis aitaren etchea « la maison du père », ma pensée va surtout au père, au possesseur ; quand je dis etche churia « la maison blanche », je pense surtout à la maison, à l’objet déterminé.

J’avais cru qu’un autre cas de double position d’un élément dérivatif se présentait dans les i du datif ou ki « avec » (aita-r-i « à mon père », aita-re-ki-n « avec le père ») et le ki précédant le pronom régime indirect des verbes (datorkizu « il vient à vous ») ; mais peut-être vaut-il mieux, dans ce ki verbal, voir la forma-