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distingués et peuvent être affectés, l’un et l’autre, de relations de temps et d’espace, relations d’ailleurs réductibles à deux, dans chaque ordre d’idées : temps accompli, temps non accompli, — arrêt, mouvement. Or qui ne voit que l’arrêt et le mouvement sont de même nature et peuvent être interprétés comme mouvement horizontal et mouvement vertical, mouvement objectif et mouvement subjectif ? Le passage du présent au passé est un mouvement subjectif ; celui de l’action personnelle à l’action transmise, causée, est un mouvement objectif. C’est pourquoi le causatif se marque par la dérivative ra et l’imparfait par la dérivative n, en basque.

Ce même n se retrouve dans le suffixe conjonctif et participial : demagu-n « que nous le donnions », liren « qu’ils fussent » ; dakusa-n begia « l’œil qui voit », nik duda-n-a « ce que j’ai ».

Quoi qu’il en soit, il est établi que la dérivation en basque s’opère par préfixation aussi bien que par suffixation et, comme on remarque que certains mêmes éléments sont tantôt préfixes et tantôt suffixes, on peut se demander la raison de ce changement de position. Si nous remarquons que le pronom initial est le sujet du verbe intransitif ou le complément direct du verbe transitif et que, final, il est le sujet du transitif ou le complément indirect ; — que le n préfixé au radical indique le temps passé, et suffixé le conjonctif, le subjonctif, le relatif, la subordination, la dépendance ; —