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— 278 — un accès de désespoir et de découragement, â la suite d’un chagrin d’amour. Edmond Guibert avait composé d’autres pièces de vers qui n’élaient pas sans mérites. Voici sa fable : A l’extrême orient, non loin des bords du Gange. Dans ces pays où le soleil Brille d’un éclat sans pareil ; Où tout séduit les yeux, où tout parait étrange Au voyageur européen : A Delhi, ville antique et sainte Du brahmine terrestre Eden, C’était un jour de fête et, dans la vaste enceinte De la pagode de Vichnou (Qu’ombrage le jaune bambou, Se pressait la foule pieuse Et qui regardait curieuse Le cortège sacré défiler lentement. Au milieu, marchait gravement Un robuste éléphant à l’allure sévère, Jetant sa trompe en avant, en arrière, Et portant sur le front un superbe ornement. Du sein de la foule ravie, Trois hommes sortent tout à coup Et disent au cornac : « Nous désirons beaucoup « En ce jour, grâce à toi, contenter notre envie. « Le ciel a refusé la lumière à nos yeux : « Permets-nous de toucher l’animal monstrueux " Dont nous voulons avoir tout au moins une idée ». L’autre le leur permet; ils touchent et s’en vont, Tout fier de la faveur qui leur fut accordée. En cheminant, l’un dit : « Que cela me confond! u Un éléphant est fait tout comme un colonne! » L’aveugle avait touché la patte du géant. — « Erreur! » dit un second, « erreur! un éléphant. (( Et c’est bien là ce qui m’étonne.