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— 93 II. — L’ironie du nom Croirait-on que les plus grands hommes vivent encore? Si l’on jette les yeux sur les Bot tins des principales villes du monde, on pourra voir : A Londres : Olivier Cromwell, tenancier de garni : Luther, restaurateur; Shakespeare, carrossier; Milton, ébéniste; John Knox, propriétaire de bar ; Edmond Burke, imprimeur ; Thake- ray et Pitt, bottiers ; Thomas Grey, entrepreneur de maçon- nerie. A Berlin : Guillaume Tell, empailleur d’oiseaux ; Tannha,user, sommelier; Gœthe, coiffeur; Kant, directeur d’un bureau de placement ; Richard Cœur-de-Lion, chimiste ; Roland, savon- nier ; Capet, ouvrier ébéniste ; Valois, inspecteur d’assurances ; Guise, camionneur ; Marius, graveur sur cuivre ; Valérius, fabricant de poupées. A Lyon : Voltaire, relieur ; Barras, boucher ; Coligny, cafetier ; Marat, drapier ; Richelieu, marchand de journaux. A Paris : Robespierre, charbonnier; Racine^ grainetier ; Molière, bottier : de Sartine, architecte ; Hugo, dentiste ; Coudé, cartonnier ; Musset, épicier, et Christ, marchand de vins. Aux États-Unis : Edgar Poë, boutiquier ; Longfellow, fermier; Fenimore Cooper, bûcheron ; Washington Irving, horticulteur ; George Washington, pharmacien. Mais ce ne sont là que des synonymes. Le contraste entre les noms et les professions n’en est pas moins d’une ironie très grande. III. — Fidèles traducteurs M. Séménoff, dans le Mercure de France, s’élève justement contre les fantaisies des traducteurs qui altèrent, sciemment ou par ignorance, les textes des auteurs. Il cite plusieurs exemples typiques. C’est ainsi que l’un d’eux a traduit « le bien-être général » par « qu’il est bien d’être général » !