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a en réalité des yeux, des mains, un visage, un côté, des jambes, des organes et des membres, qu’il se transporte réellement d’un lieu à un autre, qu’il possède les autres propriétés des corps, et choses semblables, celui-là nous le maudissons et le déclarons infidèle. Que si donc nous portons un tel jugement de celui qui pense de la sorte, comment nos détracteurs peuvent-ils mettre sur notre compte des erreurs que nous ne soutenons pas ?

— Précisément pour le même motif, me répondit-on, nous-disons qu’il y a en Dieu trois Personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Tel est le langage de l’Évangile. Or, par personnes nous entendons non des individus composés comme nous, ni des parties distinctes, ni quoi que ce soit renfermant l’idée d’association ou de multiplication. Et quand nous parlons du Père et du Fils, nous rejetons toute paternité ou filiation venant du mariage, par voie de génération ou d’union charnelle. Ainsi, d’après nous, quiconque croit que les trois Personnes sont trois dieux différents ou associés, trois corps d’éléments divers, trois parties distinctes ou encore individus composés de puissances et d’accidents, ou autre chose causée par association[1], distinction ou assimilation ; que par les noms de Père et de Fils, nous entendons une paternité et une filiation basée sur le mariage, par voie de génération ou d’union charnelle ; ou enfin une naissance, résultant de l’alliance de deux corps, de deux anges ou de deux créatures ; celui-là nous le maudissons, l’anathématisons et le déclarons infidèle.

Si donc nous retranchons de notre religion ceux qui professent cette croyance ou autre semblable, conduisant au polythéisme et à des erreurs de même genre, nos adversaires n’ont pas le droit de nous attribuer ce qu’en réalité nous ne croyons point. Et s’ils nous reprochent de donner à Dieu des associés et des semblables, parce que nous disons que Dieu, unique en substance, est triple en personnes, à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; s’ils disent que ces mots dans leur sens propre important multiplication et assimilation, nous attribuons nécessairement à ces personnes un corps et des sens, nous leur ré-

  1. Le mot association est pris dans le sens que lui donne Mohammad, i. e. polythéisme.