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nos cœurs seront rassurés, nous saurons que tu nous as prêché la vérité, et nous rendrons témoignage en ta faveur. — Ô Dieu, notre Seigneur, s’écria alors Jésus, fils de Marie, fais-nous descendre une table du ciel ; qu’elle soit un festin pour le premier et le dernier d’entre nous, et un signe de ta puissance. Nourris-nous, car tu es le meilleur nourrisseur. — Et Dieu dit : Je vous la ferai descendre, cette table ; quant à celui qui désormais sera incrédule, je lui réserve un châtiment tel que je n’en ai infligé encore de pareil à aucune créature[1] ».

Or cette table, c’est le sacrifice que nous offrons à chaque messe. Pour la raison donnée plus haut et parce qu’il ne convient pas à des hommes de cœur de mépriser l’esprit de Dieu et son Verbe, auquel le Coran a donné son témoignage et ses éloges en ces termes : « Il n’y aura pas un seul homme parmi ceux qui ont eu foi dans les Écritures (Juifs et Chrétiens) qui ne croie en lui (Jésus) avant sa mort ; au jour de la résurrection, Jésus témoignera contre eux[2] » ; comment suivrions-nous celui qui

  1. v, 112. Que penser de cette table merveilleuse ? Il semble que Mohammad ait voulu parler de la sainte Eucharistie, qu’il connaissait au moins d’une manière confuse par ses rapports avec les chrétiens. Les paroles mêmes du Coran indiquent clairement cette conclusion. Cependant les commentateurs musulmans, ne voulant pas reconnaître dans le livre de leur prophète la confirmation d’un des principaux mystères de notre foi, donnent libre cours à leur imagination et inventent toutes sortes d’explications fabuleuses. (Voir un exemple dans le commentaire de Thalabiensis cité par Marracci, t. Il, p. 238.)

    Pour décrire cette table, ils réunissent et mélangent sans ordre en un seul récit des faits absolument distincts tirés de nos Évangiles. Ils confondent ainsi, sans aucun scrupule historique, la dernière cène que Notre-Seigneur célébra avec ses apôtres, le miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poissons, la parabole des invités au festin, le miracle opéré sur les bords du lac de Tibériade, quand Notre-Seigneur apparaissant aux apôtres, après sa résurrection, leur offrit un poisson grillé, etc., etc.

    (Cf. Marracci, II, p. 241. Refut., vii.)

  2. iv, 157. Texte entier (auquel correspond notre traduction) :
    arabe arabe
    « avant sa mort » (arabe) est amphibologique, arabe à cause du pronom arabe dans arabe. Double sens possible, d’après les commentateurs musulmans : avant la mort de celui qui croit en Jésus, ou avant la mort de Jésus, qui doit revenir à la fin des temps. La première explication est préférable.

    (V. Marracci, II, p. 172 — et Kasimirski in h. 1.)