Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 8, 1903.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux démons, — non seulement, dis-je, des animaux sans raison, mais leurs fils et leurs filles, — crime que Dieu leur a reproché par la bouche du prophète David : « Ils ont immolé leurs fils et leurs filles au démon, ils ont répandu le sang innocent, le sang de leurs enfants, ils les ont offerts en sacrifice aux idoles de Kana’an, et la terre a été souillée de leurs œuvres[1] ».

Or, nous autres chrétiens, nous n’avons rien fait de semblable. Aussi le Coran dit-il à notre sujet : « Tu trouveras que les plus violents ennemis des croyants sont les juifs et les polythéistes ; ceux au contraire qui professent le Christianisme sont les plus portés d’affection à notre égard, et cela parce qu’ils ont des prêtres et des moines et ne sont point orgueilleux[2] ». Mohammad mentionne ici les prêtres et les moines pour bien montrer qu’il ne s’agit que de nous ; et il fait en même temps l’éloge de nos actes et de nos intentions. Cela est certain : et il éloigne de nous l’accusation de polythéisme, quand il dit : Les Juifs et les polythéistes sont les ennemis les plus acharnés des croyants ; les Chrétiens, au contraire, sont les mieux disposés à l’égard des musulmans.

Ce qui rend cette assertion plus manifeste encore, ce sont ces autres paroles : « Dieu prononcera, selon la différence de leurs religions, entre les croyants, les Juifs, les Sabéens, les Chrétiens et les polythéistes[3] ».

  1. Ps. cv, 37.
  2. v, 85. Ces paroles montrent que les Juifs haïssaient profondément les Musulmans ; que les Chrétiens, au contraire, mettant en pratique le précepte de Notre-Seigneur, les aimaient d’une véritable charité. (Cf. Marracci, t. II, p. 233.)

    Quoi qu’il en soit des éloges que Mohammad donne aux chrétiens, en particulier aux moines et aux prêtres, il n’est pas vrai que les chrétiens « pleurent de dévotion en entendant le Coran », ainsi qu’il est dit dans la même sourate, v. 86.

  3. xxii, 17. arabe (ce en quoi ils diffèrent) ne se trouve pas dans le Coran. À noter ici une des nombreuses fautes grammaticales de copiste arabe, le khabar de arabe au raf’ au lieu du nasb arabe

    arabe = les polythéistes ; m. à m. : ceux qui associent (plusieurs dieux).

    — Les Sabéens (Soubbas) ou Chrétiens de Saint Jean (arabe) étaient une secte qui parut, dès le premier siècle de l’Église, sur les bords du Jour-