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tion[1] » ; et ailleurs : « Nous avons envoyé (sur les traces de Noé et d’Abraham) Jésus, fils de Marie ; nous lui avons donné l’Évangile, et nous avons mis dans les cœurs de ses disciples la compassion et la miséricorde[2] ».

Troisième raison que nous trouvons encore dans le Coran. Ce livre fait l’éloge de notre Évangile ; avant les mosquées, il nomme nos monastères et nos églises, dans lesquelles, d’après son propre aveu, on invoque souvent le nom d’Allah. « Si Dieu, écrit Mohammad, n’eût repoussé une partie des hommes par les autres, les monastères et les églises, les oratoires et les mosquées, où l’on invoque sans cesse le nom d’Allah, auraient subi la destruction[3] ».

Voilà ce que dit le Coran, et il renferme bien d’autres choses encore, qui sont pour nous autant de raisons de rester attachés à notre religion, de ne pas abandonner nos croyances, de ne pas rejeter ce que nous tenons, et de ne pas suivre un autre que le Christ, le Verbe de Dieu, ainsi que ses apôtres qu’il a envoyés pour nous prêcher, les Apôtres dont le Coran fait l’éloge et qu’il exalte en ces termes : « Nous (Dieu) avons envoyé les Apôtres accompagnés de signes évidents ; nous leur avons donné le Lire (Évangile) afin que les hommes observent l’équité[4] ».

Les envoyés dont il est ici question ne sont autres que les apôtres du Christ ; car s’il s’agissait d’Abraham, de David,

  1. iii, 48. L’expression arabe signifie proprement : « Je te fais mourir » : « Defungi te facio ». Cependant dans la sourate ive, v. 156, Mohammad affirme que de fait les Juifs ne crucifièrent point Notre-Seigneur, mais un homme qui lui ressemblait. Les auteurs musulmans, pour expliquer et faire concorder ces passages du Coran, inventent toutes sortes de fables. D’après eux, Jésus-Christ aurait été enlevé miraculeusement au ciel, d’où il doit revenir à la fin des temps pour régner glorieusement sur la terre entière, et puis subir une heureuse mort. (Cf. Marracci, t. II. p. 113 sqq. et p. 173 sqq.)
  2. lvii. 27. Le manuscrit porte arabe (nous avons payé) et le Coran arabe (nous avons envoyé sur les traces…).
  3. xxii, 41. Les monastères et les églises appartiennent aux Chrétiens, les oratoires aux Juifs, les mosquées aux Musulmans. — En condamnant la destruction des églises chrétiennes, des synagogues, aussi bien que celle des mosquées, Mohammad approuve la religion du Christ et la loi judaïque. Si, en effet, les chrétiens étaient dans l’erreur, il faudrait détruire leurs monastères et leurs temples, puisque la prière faite en ces lieux ne saurait être agréable à Dieu. Mais Mohammad et la logique ne vont pas toujours ensemble. (Cf. Marracci, II. p. 467. Refutationes, ad. ii.)
  4. lvii, 25.