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au vieillard : Mes pensées me disent : Le toit est vieux et demande à être remplacé. Le vieillard lui dit : Va et renonce au monde. Il s’en alla, donna les dix pièces de monnaie et vint dire au vieillard : Voilà que j’ai renoncé au monde. Pendant qu’il y était ses pensées lui dirent : Voilà que tout est vieux ici ; le lion viendra et me mangera. Il exposa ses pensées au vieillard qui lui dit : Je voudrais que tout tombât sur moi et que le lion vînt me manger pour que je fusse délivré (de la vie). Va, demeure dans ta cellule et prie Dieu.


18. Un vieillard dit à un autre qui était charitable et se rencontrait avec les moines et les séculiers : La lampe éclaire beaucoup (d’hommes), mais brûle sa propre bouche.


19. On racontait[1] d’un vieillard qu’il marchait dans le désert et voilà que deux anges firent route avec lui, l’un à droite et l’autre à gauche. Ils vinrent à rencontrer un cadavre le long de la route et le vieillard se boucha le nez à cause de la puanteur ; les anges en firent autant. Quand ils eurent avancé un peu, le vieillard leur dit : Vous sentez donc aussi cela ? Ils répondirent : Non, c’est à cause de toi que nous nous sommes bouché le nez aussi : nous ne sentons pas les impuretés de ce monde et elles n’arrivent pas jusqu’à nous, mais nous sentons les âmes qui puent dans les péchés.


20. Il y avait un vieillard[2] qui mangeait chaque jour trois biscuits. Il lui arriva un frère et quand ils s’assirent pour manger il lui servit trois biscuits ; comme il n’en avait pas assez, il lui en donna trois autres. Lorsqu’ils furent rassasiés et se levèrent, le vieillard condamna le frère et lui dit : Il ne faut pas céder à la chair. Le frère fit repentance au vieillard et s’en alla. Le lendemain, lorsque arriva le moment du repas du vieillard, il se servit les trois biscuits selon la coutume, il les mangea, puis il eut encore faim et résista (à ce désir). Il en fut de même le jour suivant. Il commença donc à faiblir et il connut qu’il était abandonné de Dieu. Il se prosterna avec larmes devant Dieu et l’interrogea au sujet de l’abandon dans lequel il se trouvait ; il vit un ange qui lui dit : Cela t’est arrivé parce que tu as condamné le frère. Reconnais donc que celui qui peut résister ou faire quelque bien ne le fait pas de sa propre force ; mais c’est la bonté divine qui fortifie l’homme.


21. On racontait d’un certain vieillard des cellules[3] qu’il était reclus

  1. B, p. 780, n. 214 ; M, 1014, no 18.
  2. Paul, 287.
  3. Désert proche de Scété. B, p. 839, n. 15. Cette histoire fait l’objet d’une question dans B, p. 938-939. Coislin 127, f. 76v.