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— Après la bénédiction ! — répondit le père Stéphane.

Des voix ripostèrent

— Donnez-lui la parole ! Les élévateurs, c’est plus important que la bénédiction.

Le prêtre, vexé, monta sur une chaise et voulut dire quelque chose, mais, en cet instant, un gros tumulte éclata à la porte principale. C’était un commissaire de police, accompagné de quatre agents, qui venait d’arriver au pas de course. Une bousculade se produisit, des femmes crièrent. Le policier posta ses agents dehors et, jouant des coudes, arriva jusqu’au père Stéphane :

— Que faites-vous ici ? — demanda-t-il, essoufflé et rouge de colère. — Qui vous a permis de vous rassembler et de parler des élévateurs ?

Sans attendre la réponse du vieux, qui ne l’intéressait pas, il regarda autour de lui pour découvrir d’autres meneurs, vit le prêtre, hissé sur la chaise, et le fit descendre d’un coup de poing.

— Et toi, pope ? qu’est-ce que tu fiches là ? Est-ce ton affaire, les élévateurs ? Allez, oust ! Débarrassez-moi le plancher, tous !

Le prêtre, tremblant et blême, disparut sans une protestation. Alors, Avramaki s’approcha du commissaire :

— Maintenant, monsieur, — dit-il avec calme, — vous allez suivre le pope, et un peu plus vite que ça.

— Oui, qu’il s’en aille ! — crièrent des voix.

Le policier perdit la tête et se jeta dans un coin, derrière le père Stéphane. Avramaki monta sur la chaise :

— Camarades ! — dit-il. — Je vous prie d’écouter, en silence, ce que je vais dire au représentant de l’autorité. Ainsi, vous apprendrez comment il faudra à l’avenir recevoir un homme de la police.

Descendant et se tournant vers le commissaire :

— Monsieur, — dit le cordonnier, — veuillez expliquer à tous ces hommes, qui sont ici chez eux, ce que vous êtes venu faire ici, sous notre toit ?

— Et vous ? Qui êtes-vous pour me le demander ? — fit le policier, outré.

— Je suis un travailleur, bien connu de ces gens, et qui