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c’est qu’elle n’aime et ne connaît que toi sur la terre aujourd’hui. De qui, Piffoël, pourrais-tu en dire autant ?


29 juin.

Accablement. Qu’as-tu, Piffoël. ?


JUILLET 1837


3, 4, 5 juillet.

Misère, désespoir, larmes amères, je ne savais pas que je l’aimais ainsi, cette pauvre femme[1] !


6 juillet.

Mieux, ta vieille femme guérit.

Ton cœur est troublé. Piffoël, quel ennui te ronge ? Quelle peur de vivre te fait donc souhaiter la maladie et la mort ? C’est le spleen, le vrai spleen, la chose la plus humiliante. Ô mon Dieu, la belle machine humaine ! Souffrir de l’âme parce que le corps est lésé. Tout remettre en question, porter sur toutes choses de nombreux jugements, ne plus voir que le mal et la douleur sur la terre, parce qu’on est constipé ! Vante-toi orgueilleux vermisseau et méprisé hanneton qui ne vole plus quand on lui arrache ses ailes !

Ce fragment retrouvé au fond d’un tiroir a peu de sens et aucune valeur. Je le conserve ici comme un souvenir amer d’une des plus douloureuses phases de ma vie. J’étais à deux doigts de la folie, mais je n’avais plus la pensée du suicide.


1836.

Arrivé à un certain degré de la maladie, ne plus raisonner ses causes, les accepter comme fatales et lutter contre ses effets.

Tâcher d’observer l’emploi du temps et les occupations de l’âme, de manière à connaître les causes accidentelles et journalières des crises, afin de détourner ces causes, ou de les subir avec la prévoyance qui combat la force du mal.

  1. Sa mère, madame Maurice Dupin, qui tombe malade et qu’elle va bientôt aller soigner à Paris.