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rable. Tu es plus parfait que Dieu ! Ta face rayonne, ton pied distille l’ambroisie, tu n’as pas un vice et tu as toutes les vertus. Aucun mortel ne peut t’être comparé, je ne dis pas par moi qui suis éblouie de l’éclat de tes regards, mais par ce peuple stupide qui devrait se prosterner quand tu passes et t’élire roi de l’Univers. Quand tu me frappes, je suis glorieuse, quand tu me repousses du pied, mon sort est préférable à celui de tous les êtres, t’appartenir est une telle gloire que le genre humain tout entier voudrait se mettre à ma place, s’il savait quel honneur y est attaché. Et pourtant ces aberrations sont quelquefois dans l’amour le plus pur et le plus vrai. Mais si elles ne sont suivies de réactions violentes, n’y crois pas, homme imbécile, car celle qui t’adore sans cesse, te méprise en secret et celle-là seule qui t’accepte imparfait, et te subit injuste, t’aime avec désintéressement. Mais, fat imprudent, tu ne veux pas qu’on te pardonne, tu veux qu’on croie ou qu’on prétexte n’avoir rien à te pardonner. Tu veux qu’on baise la main qui frappe et la bouche qui ment. Cherche donc l’objet de ton amour dans la fange, et empêche tout un rêve d’en sortir, tant que tu seras toi-même une idole de boue, car si la femme s’ennoblissait, tu serais forcé pour demeurer son supérieur de t’ennoblir, et de te purifier aussi, et c’est ce que tu ne sais, ne peux, ni ne veux faire.

Mon cher Piffoël, apprends donc la science de la vie et quand tu te mêleras de faire du roman, tâche de connaître un peu mieux le cœur humain. Ne prend jamais pour ton idéal de femme une âme forte, désintéressée, courageuse, candide. Le public la sifflera et la saluera du nom odieux de Lélia l’impuissante.

Impuissante ! Oui, mordieu, impuissante à la servilité, impuissante à l’adulation, impuissante à la bassesse, impuissante à la peur de toi. Bête stupide qui n’aurait pas le courage de tuer sans des lois qui punissent le meurtre par le meurtre et qui n’a de force et de vengeance que dans la calomnie et la diffamation. Mais quand tu trouves une femelle qui sait se passer de toi, ta vaine puissance tourne à la fureur et ta fureur est punie par un sourire, par un adieu, par un éternel oubli.