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Cette cavalerie ne tarda pas à être vivement engagée contre de nombreux Marocains et se rabattit complètement sur les ailes pour dégager le front de l’infanterie. Le régiment de marche mixte du colonel Passard se forma en ligne et se dirigea à bonne allure sur les hauteurs situées à l’ouest du débouché de la vallée, balayant l’ennemi devant lui. Il fut accueilli par un feu très nourri dès qu’il couronna le plateau, mais, soutenu par le régiment Taupin et par une partie de la cavalerie, il continua son mouvement de crête en crête ; le 1er escadron chasseurs d’Afrique chargeait et dispersait tous les groupes qui faisaient mine de résister. Les Marocains se débandèrent et s’enfuirent vers le sud. Arrivé à hauteur de Settat, le régiment Passard exécuta un changement de direction à gauche et se porta vers la ville dont quelques salves chassèrent les derniers défenseurs. La cavalerie faisant le tour de l’enceinte parvint jusqu’aux camps de la mehalla, qu’elle incendia, et sabra une trentaine de fantassins qui ne les avaient pas encore évacués.

Tandis que ces événements se passaient à Settat, la réserve, composée de cinq compagnies escortant quelques arabas destinées au transport des blessés était restée en position au débouché de la vallée. Le général, qui se trouvait avec cette fraction de la colonne, reçut de plusieurs émissaires de la tribu locale, les Mzamza, l’assurance que seule la mehalla hafidienne nous combattait, qu’elle s’était dispersée, et que les habitants de la vallée ne tireraient pas un coup de fusil ; une profusion de drapeaux blancs flottant sur les maisons et les tentes semblait confirmer ces promesses. Aussi le général se décida-t-il à rejoindre les troupes de première ligne qui s’étaient arrêtées à Settat et se mit en marche par la piste qui suit le fond de la vallée. À peine le détachement s’y était-il engagé qu’il fut accueilli sur la gauche, de flanc et à revers, par une vive fusillade. C’était un important contingent de la tribu des Medakra qui avait d’abord marché sur Ber Rechid, mais trouvant ce point trop fortement occupé, s’était rabattu sur la colonne pour la prendre en queue. Le feu plongeant de l’ennemi contre nos troupes placées dans des conditions de terrain très désavantageuses rendait la situation d’autant plus difficile que les Mzamza, jugeant notre position désespérée, ne purent résister à la tentation de se joindre à nos nouveaux agresseurs ; quoique