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Ber Rechid. La ville, jadis florissante, avait été dévastée par le fils d’el Hadj Hammou, ancien pacha de Casablanca, qui avait également fomenté l’agitation récente entre les Européens. Le général, apprenant que ce personnage s’était retiré dans sa kasba située à quatre kilomètres de Ber Rechid, le cerna le lendemain avec sa cavalerie et le fit prisonnier. Le même jour, un autre des principaux instigateurs des massacres fut capturé dans les environs de Médiouna.

L’occupation de Ber Rechid permettait à la fois d’assurer la fidélité des Ouled Hariz et de constituer une base avancée pour les mouvements ultérieurs des colonnes. Il eût été désirable de pouvoir s’installer dans des conditions analogues à Settat ; malheureusement les ressources du corps de débarquement en moyens de transport étaient encore insuffisantes pour cette opération et il fallut se contenter de pousser une reconnaissance sur la ville. Cette pointe devait obliger la mehalla de Moulaye Rachid soit à nous combattre, soit à se retirer ; elle éclairerait en outre le commandement sur les dispositions des fractions méridionales des Chaouïa envers nous.

Un détachement important dut être laissé à Ber Rechid pour la défense des campements ; les troupes disponibles, dix-sept compagnies, trois escadrons, le goum et une batterie se mettaient en route le 14 janvier à dix heures du soir, sans sacs, les hommes emportant deux repas froids dans leurs musettes.

On s’arrêta au moment du coucher de la lune, vers deux heures ; la brume assez épaisse, qui avait dissimulé le mouvement aux émissaires marocains, se dissipa avec les premiers rayons du soleil ; on reprit alors la marche et bientôt la très forte position qui précède Settat se dessinait à l’horizon.

À six kilomètres en avant de la ville, se dresse une pente escarpée qui limite au sud la plaine du Tirs et donne accès à un plateau légèrement ondulé, s’étendant jusqu’aux confins de la province. Ce plateau est coupé de plusieurs vallées profondes dont la principale est celle où est bâtie Settat. Le fond de la dépression est jalonné de maisons et de groupes d’arbres entre la plaine et la ville sur une longueur de six kilomètres.

Dès que le jour parut, le goum et les trois escadrons se portèrent en avant et sur le flanc droit pour éclairer la colonne.