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l’organisation et l’armement, ils avaient l’avantage du nombre, de la mobilité et surtout la possibilité d’échapper à nos coups en se réfugiant sur le territoire des tribus voisines où il nous était interdit de les suivre.

Le nouveau commandant en chef prit immédiatement ses mesures pour se mettre en route sans délai. L’organisation de la colonne destinée à Fedala et Bou-Znika le retarda pendant quelques jours, mais, grâce à l’active impulsion communiquée à tous les services, le corps de débarquement se trouva bientôt en état d’entrer en campagne. Sans attendre la totalité des troupes de renfort — la batterie de 75 et l’escadron du 5e chasseurs n’avaient pas encore rejoint — le général, moins d’une semaine après son arrivée, commençait sa première opération vers l’intérieur.

La direction à prendre s’imposait : c’était celle de Ber Rechid et de Settat. La première de ces localités, quoique inhabitée, n’en restait pas moins un point stratégique très important, car elle se trouve presqu’exactement au centre de la province des Chaouïa et les principales pistes s’y croisent ; Settat était la seule ville qui n’eût pas été complètement évacuée par les indigènes et servait de lieu de refuge aux réguliers de Moulaye Rachid.

Première colonne : Combat de Settat (15 janvier). — Le 12 janvier, la colonne se rassemblait sur le front de bandière des camps et se mettait en marche vers le sud aux premières lueurs du jour. Elle comprenait cinq bataillons, le goum, quatre escadrons et une batterie de campagne. Chaque bataillon laissait une de ses compagnies à la défense de la ville. Le soir on bivouaqua à la source d’Aïn Djemma, située à peu près à hauteur et à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Médiouna. Le lendemain, la marche fut reprise sur Ber Rechid qui servait aussi d’objectif au colonel Brulart venant de Médiouna avec six compagnies et une section de 75. La marche convergente s’exécuta sans incident à travers la riche plaine du Tirs couverte de moissons et de douars appartenant à la tribu des Ouled Hariz, dont les notables vinrent se présenter le long de la route aux commandants des deux colonnes.

L’extrême fertilité du pays que les troupes venaient de traverser augmentait le contraste qu’offraient les ruines de