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drons, était tout à fait insuffisante ; quant au train, il disposait à peine d’une quarantaine d’arabas. Les renforts demandés pour la prise de la Kasba Médiouna comptaient quatre escadrons, une batterie de 75 et trois bataillons d’infanterie : ces dernières unités appartenaient à des régiments moins entraînés que ceux qui se trouvaient à Casablanca, et peu préparés par la vie de garnison à faire campagne. Aucun de ces bataillons n’avait encore vu le feu ; ils allaient d’ailleurs être employés immédiatement en première ligne et ne tarderaient pas à faire bonne figure à côté des régiments plus aguerris.

Les nouveaux contingents constituaient donc un précieux appoint au corps de débarquement. Malheureusement, le gouvernement retirait d’une main ce qu’il donnait de l’autre, en envoyant l’ordre de faire occuper Fedala et Bou-Znika par des garnisons d’un effectif total de deux mille hommes. Cette mesure avait été prise à la demande de notre consul à Rabat, qui, devant l’attitude hostile de la population de ce port, demandait à ce que les communications par terre avec Casablanca fussent assurées. Les troupes ainsi immobilisées dans une direction excentrique n’étaient pas utilisables — momentanément du moins — pour les opérations actives, de sorte que le général d’Amade allait se trouver, sauf en ce qui concerne la cavalerie, dans une situation à peu près équivalente à celle de son prédécesseur.

L’ennemi de son côté avait été renforcé par une mehalla que Moulaye Hafid envoya pendant l’automne dans la province des Chaouïa et que commandait le fils de son oncle Moulaye Rachid. Ce noyau de réguliers fort de deux à trois mille hommes possédait quelques canons Krupp de montagne assez pauvrement servis. Il détacha dans la tribu des Medakra, la plus hostile aux Français, un contingent de sept cents hommes sous les ordres d’Omar Sketani. La fraction principale se trouvait à Médiouna le 1er janvier et se replia de ce point sur Settat, établissant ses campements au sud de la ville. À cette aide matérielle donnée par les mehallas, allait bientôt s’ajouter l’appui moral que Moulaye Hafid devait apporter aux Chaouïa en s’installant avec toutes les forces qu’il avait pu recruter à Marrakech au gué de Mechra ech Chaïr sur la frontière même de leur pays. Si les Chaouïa nous étaient très inférieurs par