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ressources restreintes, soit de la suspendre en attendant l’arrivée des éléments qui lui manquaient. Dans le premier cas, le rayon d’action des colonnes serait limité par le manque d’approvisionnements et elles s’exposeraient à ne pouvoir prolonger leurs mouvements autant que la situation militaire le comporterait. Dans le second, on donnait à l’ennemi la possibilité de reprendre courage une fois de plus et on perdait ainsi le bénéfice du coup d’énergie de Médiouna.

C’est pour la première méthode que le général d’Amade se décide. Se rendant compte que contre un ennemi brave et mobile, mais sans unité ni cohésion, il n’est pas de meilleure tactique qu’une inlassable activité, il va d’abord rayonner dans le pays, marchant sur tous les groupes qui lui sont signalés, les dispersant et retournant les combattre chaque fois qu’ils se reforment jusqu’à ce que la supériorité morale et matérielle soit définitivement acquise aux Français. Après cette première phase où l’action sera purement militaire, commencera une seconde pendant laquelle les armes et la diplomatie s’appuieront mutuellement : elle consistera à créer dans les Chaouïa des postes fixes provisoires, qui serviront à la fois de centres de protection pour les fractions soumises et de bases pour les dernières opérations. Ce but atteint, il restera à achever la pacification en facilitant chez les Chaouïa l’organisation d’une autorité locale capable d’y maintenir l’ordre et permettant ainsi au corps de débarquement de se retirer sans crainte de voir Casablanca menacé à l’avenir. Pendant cette troisième période notre action sera purement politique.

Les troupes que le général d’Amade trouvait à Casablanca se composaient de six excellents bataillons déjà très entraînés en Algérie sur la frontière oranaise ou dans les postes de l’extrême-sud, et que les quelques combats qui suivirent le débarquement avaient familiarisés avec la tactique de l’adversaire. Deux batteries de campagne, une de montagne, et six sections de mitrailleuses appuyaient très effectivement cette infanterie. Mais la cavalerie, ne comportant que deux esca-