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LA REVUE DE PARIS

revues et les journaux nouvellement fondés sont d’une violence extrême dans leurs attaques contre le gouvernement. Aussi la répression a-t-elle été parfois terrible. On se souvient de ce malheureux journaliste chinois, que l’impératrice, implacable quand on s’attaquait au pouvoir, fit tuer à coups de bâton. Avant de mourir, il cria à ses bourreaux, qui le pressaient de dénoncer des complices : « Ne cherchez pas quels sont ceux qui vous haïssent et veulent délivrer la patrie, vous les trouverez, peut-être, tout près de vous, parmi les plus hauts personnages de votre cour ; il y en a des centaines, ici même, à Pékin, ils pullulent par tout l’empire. Ne cherchez pas trop à savoir, vous ne ferez que hâter des événements fâcheux pour vous. »

La vieille Chine bouillonne et frémit ; elle s’organise, elle s’arme, car malgré la réprobation qu’elle a toujours professé pour les conquêtes elle est bien forcée de reconnaître que, si la force brutale n’est pas une raison qui puisse être admise par les philosophes, elle est tout de même la plus forte, et qu’il est vain de répondre aux coups de canon par de belles maximes.


Judith Gautier