Page:Revue de Paris - 1908 - tome 6.djvu/522

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’EMPEREUR DE CHINE

KOUANG-SIU



Il y a peu d’années, du haut des remparts de Pékin, quelqu’un d’Europe regardait, avec une curiosité ardente, un spectacle qui se déroulait à l’intérieur de la ville, presqu’au pied des murailles. Là, le Temple du Ciel étend son parc sombre, sous le moutonnement velouté des cèdres séculaires, d’où émergent des coupoles de marbre blanc incrusté d’émaux. La vue plonge et embrasse tout l’ensemble de l’enclos ; elle suit les méandres du mur bas, crêté de tuiles jaunes, qui l’enserre au delà de l’étroit fossé qui luit.

Tapi entre deux créneaux, le spectateur français estime qu’il n’en voit pas assez ; il voudrait écarter les lourdes branches, soulever les toitures du Temple. Cependant la première cour, dallée de marbre, se montre à nu tout entière et laisse voir à loisir les personnages qui sont là, groupés dans une immobilité respectueuse : ce sont les archers de la Garde Impériale, aux éclatantes vestes blanches, cernées de larges bandes sombres, sur les robes de peaux, crânement relevées des coins et découvrant des bottes de velours noir ; les lanciers, en tuniques bleues et jaunes, la lance en travers du dos, le fer en bas protégé par une gaine. Ces cavaliers sont à pied ; hors de l’enceinte